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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/457

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C’est pour répondre an progrès de la consommation que la production a doublé ses efforts et cherché les meilleurs instrumens de travail, parmi lesquels le crédit joue un rôle prépondérant. Consommer plus et mieux à l’aide de gains plus considérables, voilà ce qui fait le fond de toutes les aspirations, des opinions mêmes de nos compatriotes : pour consommer plus, il a fallu produire davantage, plus vite, et avec plus de bénéfices, et c’est ainsi que l’industrie et le commerce ont opéré les prodiges dont nous avons été témoins en ces dernières années. Veut-on aller plus loin et pénétrer au fond de nos préoccupations politiques ? D’où vient ce besoin de la paix intérieure et extérieure que chacun expose en termes de plus en plus affirmatifs, que les programmes électoraux répètent tous avec la même foi, sinon de ce raisonnement intime que, s’il faut produire sans cesse pour consommer davantage, seule la tranquillité au dedans, la paix au dehors, permettent de produire et donnent ainsi le pouvoir de consommer ? Quant à tous ceux qu’effraient notre production hâtive et ses développemens précipités, qui voient en conséquence avec souci les titres de tant de sociétés financières et industrielles emportés dans une hausse vertigineuse, on peut leur faire observer que la base de cet échafaudage est solide, qu’une marge bien grande reste encore ouverte aux bénéfices à venir, puisque tout repose sur le progrès de la consommation et qu’elle est bien loin d’avoir dit son dernier mot. En notre pays qui ne marche certes pas au dernier rang dans la voie du progrès matériel, est-ce qu’il n’y a pas encore bien des efforts à faire pour donner à chacun la part de bien-être auquel il aspire ?

Ces vérités banales ne laissent donc pas que d’ouvrir à l’esprit des perspectives rassurantes, et nous ne saurions trop les répéter pour justifier nos propres espérances et nos études. Si le monde politique reste le théâtre de luttes dont on ne peut approuver les