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lycée. Il n’y avait qu’un seul cours de théologie à Paris : c’était le cours officiel professé à la faculté. Dans l’intérieur du séminaire, tout se bornait à des répétitions, à des conférences. Il est vrai que cela devint assez vite une fiction. J’ai ouï dire aux anciens de Saint-Sulpice qu’au moins vers la fin du XVIIIe siècle, on n’allait guère à la Sorbonne, qu’il était reçu qu’on n’y apprenait pas grand’chose, que la conférence intérieure, en un mot, prit tout à fait le dessus sur la leçon officielle. Une telle organisation rappelait beaucoup, on le voit, le système actuel de l’École normale et de ses relations avec la Sorbonne. Depuis le concordat, l’enseignement du séminaire devint tout intérieur. Napoléon ne pensa pas à relever le monopole de la faculté de théologie. Il eût fallu pour cela demander à la cour de Rome une institution canonique dont il ne se souciait pas. M. Émery, d’ailleurs, se garda de lui en suggérer l’idée. Il n’avait pas conservé un bon souvenir de l’ancien système ; il préférait beaucoup garder ses jeunes clercs sous sa main. Les conférences intra muros devinrent ainsi des cours. Cependant, comme à Saint-Sulpice rien ne change, les anciennes dénominations restèrent. Le séminaire n’a pas de professeurs ; tous les membres de la congrégation ont le titre uniforme de directeur.

La société fondée par Olier garda jusqu’à la révolution son respectable caractère de modestie et de vertu pratique. En théologie, son rôle fut faible. Elle n’eut pas l’indépendance et la hauteur de Port-Royal. Elle fut plus moliniste qu’il n’était nécessaire de l’être, et n’évita pas ces mesquines vilenies qui sont comme la conséquence des idées arrêtées de l’orthodoxe et le rachat de ses vertus. La mauvaise humeur de Saint-Simon contre ces pieux prêtres a pourtant quelque chose d’injuste. C’étaient, dans la grande armée de l’église, des sous-officiers instructeurs auxquels il eût été injuste de demander la distinction des officiers-généraux. La compagnie, par ses nombreuses maisons en province, eut une influence décisive sur l’éducation du clergé français ; elle conquit sur le Canada une sorte de suzeraineté religieuse, qui s’accommoda fort bien de la domination anglaise, conservatrice des anciens droits, et qui dure jusqu’à nos jours.

La révolution n’eut aucun effet sur Saint-Sulpice. Un de ces esprits froids et fermes, comme la société en a toujours possédé dans son sein, le rebâtit exactement sur les mêmes bases. M. Émery, prêtre instruit et gallican modéré, par la confiance absolue qu’il sut inspirera Napoléon, obtint les autorisations nécessaires. On l’eût fort étonné si on lui eût dit que la demande d’une telle autorisation constituait une basse concession au pouvoir civil et une sorte d’impiété. Tout fut donc rétabli comme avant la révolution ; chaque porte tourna dans ses anciens gonds, et, comme d’Olier à la révolution rien