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il pesait sur eux de tout son poids. Aussi le gouvernement a-t-il été déjà contraint d’affranchir de l’impôt sur le revenu une foule de petits contribuables, au nombre de trois ou quatre cent mille, et d’abandonner ainsi un produit de plusieurs millions. L’impôt sur la richesse mobilière a été un expédient imposé par une nécessité urgente : l’expérience a montré qu’il était une erreur économique.

Les taxes dites sur les affaires pèsent à peu près également sur la propriété et sur l’industrie. On désigne sous ce nom les droits d’enregistrement, de timbre, de succession et de mainmorte, d’hypothèques, les taxes sur les sociétés industrielles et commerciales, la taxe sur les produits des transports à grande et petite vitesse. Toutes ces taxes, dont quelques-unes, et la dernière surtout, sont des entraves fâcheuses au développement commercial et industriel du pays, produisent ensemble 164 millions et demi. Il est incontestable que, dans cette catégorie de taxes, il y a lieu d’opérer des suppressions plutôt que des augmentations. Une troisième section du budget des recettes comprend les impôts de consommation qui atteignent l’universalité de la nation. Les douanes, dont le produit n’a cessé de s’accroître depuis que la révision des traités de commence, conclus avec diverses puissances a permis de relever notablement les tarifs, y figurent pour 138 millions, les octrois ou droits de consommation à l’intérieur pour 79 millions, les sels pour 82, les tabacs pour 109, les droits sur la fabrication des spiritueux, des sucres indigènes, etc., pour environ 9 millions. Le produit total est de 462 millions, dont il faut déduire 45 millions pour l’impôt, sur la mouture, qui disparaîtra dans trois ans. Ainsi les impôts de consommation proprement dits fournissent près d’un tiers du revenu public. Il est à peine besoin de faire remarquer combien certains de ces impôts, doivent peser lourdement sur les classes nécessiteuses. Pour expliquer la diminution qui s’était produite dans les recettes du sel par suite de la mauvaise récolte de l’année 1879, M. Magliani était obligé de confesser à la chambre que les paysans avaient fait servir à la préparation de leurs alimens les sels, dénaturés que la régie livre à bas, prix pour arroser les fourrages et pour ajouter au pouvoir fertilisant de certains engrais.

Les services publics donnent une recette de 100 millions dans laquelle les postes entrent pour 29 millions, les télégraphes pour 10, le produit des chemins de fer exploités par l’état pour 39, le travail des détenus pour 4 et demi. C’est dans cette catégorie de recettes que le progrès est constant et ne peut donner lieu à aucun regret, puisque les perceptions opérées par l’état ne sont que la rémunération de services rendus. L’extension du réseau télégraphique et