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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/802

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l’amélioration des communications postales ne peuvent manquer d’accroître le revenu public ; seulement le ministre des finances, aux prises avec de nombreux besoins, s’est borné à exprimer l’espérance de pouvoir, un jour, affecter des crédits à ces améliorations. Quant aux chemins de fer qui ont été rachetés par l’état, le gouvernement a mis à l’enquête la question de l’exploitation directe ou de l’affermage à des compagnies, et la commission d’enquête s’est unanimement prononcée pour ce dernier système, qui déchargera le ministère des travaux publics d’une tâche qu’il est peu propre à remplir.

La recette brute de la loterie est prévue au budget de 1881 pour 70 millions. Il n’est pas un homme d’état italien qui ne déplore de voir une pareille ressource figurer encore au budget national, lorsque la plupart des états non-seulement y ont renoncé pour leur compte, mais ont frappé la loterie d’interdiction dans toute l’étendue de leur territoire. Néanmoins, le jour est encore éloigné où il sera possible de renoncer à un revenu qui, déduction faite des lots à payer et des frais d’administration, dépasse 22 millions. Il serait d’ailleurs à craindre que le trésor ne fît un sacrifice inutile. La loterie est tellement entrée dans les habitudes nationales, elle est devenue pour les classes inférieures de la population un besoin tellement impérieux, que le gouvernement ne peut venir à bout de détruire les loteries clandestines. C’est en vain qu’il a multiplié les bureaux. dans les faubourgs des grandes villes et qu’il en a établi jusque dans les plus pauvres villages : ces facilités ne suffisent pas aux gens que l’amour du jeu possède, et nombre d’industriels se créent un revenu en exploitant l’aveugle crédulité et la cupidité des ouvriers et des paysans. Le parlement, par une loi du 19 juillet 1880, a dû armer le ministre des finances de nouveaux pouvoirs pour lui permettre de combattre plus efficacement cette concurrence illicite. Si donc le gouvernement venait à fermer ses bureaux, où tout se passe conformément aux règles de la probité, il serait probablement impossible d’arrêter l’essor des loteries clandestines : la passion du jeu prélèverait le même tribut sur la nation, et des industriels peu scrupuleux se partageraient les bénéfices qui entrent aujourd’hui dans les caisses de l’état. Même en écartant les considérations financières dont le gouvernement italien est obligé de tenir compte, il serait sans doute prématuré de tenter aujourd’hui une réforme dont le succès ne peut être assuré que par le progrès de l’instruction et par le développement du goût et des habitudes de l’épargne.

Le surplus des recettes ordinaires est fourni par le produit du domaine public pour 31 millions, par quelques menues taxes, et par les contributions des provinces et des villes dans certaines dépenses.