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compagnie avait à payer à l’état et les impôts perçus sur ses titres : de l’autre, il faut retrancher des dépenses, les subventions et les garanties d’intérêt qui lui étaient attribuées, et il faut inscrire aux recettes le produit net du réseau qui va être désormais exploité par les soins et pour le compte du gouvernement. L’institution de la caisse des pensions nécessite la création de 27 millions de rentes perpétuelles à titre de dotation ; les pensions servies figurent pour un même chiffre de 63 millions en recettes et en dépenses ; mais, comme les fonds doivent être fournis par la caisse, la dépense effective incombant au budget se réduira à la part contributive de l’état. Par suite de ces complications d’écritures, il est impossible d’établir aucune comparaison utile entre le budget de 1881 et le budget de 1882, si l’on ne commence par éliminer de celui-ci les élémens transitoires qui ne figurent pas dans les comptes des années antérieures, et qui ne se reproduiront pas dans ceux des années suivantes. Cette élimination faite, ou se trouvera en présence des chiffres suivans : Recettes, 1,327,993,000 fr. Dépenses, l,317,450,000 fr. L’excédent des recettes sur les dépenses serait donc de 10,543,000 fr. ; mais comme le compte du mouvement des fonds présente un déficit de 2 millions, l’excédent définitif des recettes se réduit à 8 millions et demi. Par rapport au budget définitif de 1881, il y avait sur les recettes une augmentation d’environ 25 millions, fournie pour 7 millions par les impôts sur les affaires, pour 2 millions et demi par le timbre et l’enregistrement, pour 8 millions par les droits de fabrication sur le sucre, les alcools et la bière, pour 3 millions par les chemins de fer. Les postes donneraient un million et demi, les douanes un million. Les produits réalisés en 1880 et dans les premiers six mois de 1881 ont servi de bases à ces évaluations de recettes qui paraissent avoir été calculées avec une grande prudence : des moins-values sont même prévues sur certains produits, par exemple sur la vente des tabacs, afin de prévenir tout mécompte. Ces accroissemens de recettes et les économies qu’il a été possible de réaliser grâce à des dépenses qui ont été réduites ou qui cessent de grever le budget, vont servir à mieux doter les services, et spécialement les travaux publics et la guerre. Ce dernier ministère reçoit pour sa part, tant au titre ordinaire qu’au titre extraordinaire, 20 millions de plus qu’en 1831. On reconnaîtra aisément dans cette application des fonds disponibles les conséquences de l’agitation qu’une partie de la presse italienne a fomentée à l’occasion des affaires de Tunisie et des plaintes que l’opposition a fait entendre au sujet de la prétendue faiblesse des armemens de l’Italie. Le ministère a voulu fermer la bouche à ses adversaires en prenant l’initiative de consacrer à f armée les ressources nouvelles que lui