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gouvernement « les maisons connues ci-devant sous le nom de collèges » avec les jardins qui en dépendaient. Il existait un grand nombre de ces maisons dans les départemens ; beaucoup étaient en fort bon état ; avec quelques appropriations, elles furent vite en état de recevoir leur nouvelle destination. Les écoles centrales, on peut le dire, trouvèrent donc leur berceau tout préparé ; elles n’eurent qu’à s’installer dans les bâtimens des anciens collèges. Là, où ces bâtimens furent jugés trop petits ou trop délabrés pour leur être affectés, on les plaça dans d’autres locaux, mieux appropriés à leurs besoins : abbayes, couvens, châteaux, bâtimens des ci-devant intendances, les administrations départementales n’eurent que l’embarras du choix. Aux termes de l’article 4 de la loi précitée du 25 messidor an IV, c’étaient elles qui devaient désigner les établissemens les plus convenables, sauf au corps législatif à statuer sur chaque cas particulier. C’est ainsi qu’une loi du 7 thermidor an IV disposa que l’école centrale de l’Oise serait établie dans l’ex-couvent des carmélites de Beauvais. Celle de l’Indre fut placée dans la maison des ci-devant religieuses de Châteauroux ; celle de la Drôme dans le ci-devant couvent des récollets de Montélimart ; celle de la Creuse dans le ci-devant couvent des récollets d’Aubusson, celle du Mont-Blanc dans le château de Chambéry ; celle de l’Aisne dans les bâtimens de la ci-devant intendance de Soissons ; celle de l’Ariège dans le ci-devant château de Saint-Girons ; celle de la Somme dans la maison des ci-devant prémontrés d’Amiens ; celle de la Seine-Inférieure dans les bâtimens « connus sous le nom d’église des jésuites et de séminaire de Joyeuse. »

Grâce à ce système, l’organisation des écoles centrales put être menée très rapidement ; en moins de deux ans, presque tous nos départemens se virent pourvus, y compris ceux de la Corse et de la Belgique, sans qu’il en eût presque rien coûté à l’état. J’ai sous les yeux un tableau dressé par le chef de la cinquième division du ministère de l’intérieur et présenté au ministre, le 19 messidor an VI. (Arch. nat., F 63007.) Il résulte de ce document qu’à cette date, quatre-vingt-dix-sept écoles centrales, dont neuf des départemens annexés, étaient en exercice[1]. Le directoire n’avait pas, on le voit, perdu soit temps. Il est vrai qu’il n’avait pas eu de grands efforts de constructions ni d’argent à faire : quelques coups de pioche et de marteau avaient suffi pour mettre les bâtimens existans en état. Toutefois on doit lui savoir gré d’avoir eu l’idée de leur donner cette destination, ait lieu de les vendre à vil prix comme

  1. Un autre document du 2 nivôse an VI porte à cent deux le nombre des écoles centrales en exercice ; sur ces cent deux écoles « soixante-six au moins, dit ce document, sont en pleine activité. » (Arch. nat., F17 1140.) Minute d’un projet de message au conseil des cinq cents préparé dans les bureaux du ministère de l’intérieur.