aux autres procédés d’illustration sans signaler le troisième volume des Oiseaux dans la nature[1], un ouvrage que nous avons eu déjà plusieurs fois l’occasion de recommander à nos lecteurs, à mesure même de sa publication. Les bois en sont toujours très remarquables et les chromolithographies aussi, — compositions originales, non plus simples reproductions, — dont nous ne saurions dire d’ailleurs si le procédé d’exécution est sensiblement différent de ce qu’il est d’ordinaire, mais qui, du moins, ont ce mérite à nos yeux de n’être pas, comme tant d’autres, assez désagréablement brillantées, gommées, vernies,.. c’est aux éditeurs à mettre ici le mot juste, et à nous épargner une autre fois l’embarras de le chercher.
Nous arrivons maintenant à des ouvrages où l’illustration, sans perdre de son importance ou de sa beauté, commence pourtant plus humblement à se subordonner au texte. Mettons ensemble les récits de voyages. Il n’en est pas moins de quatre, en 1881, qui, pour des qualités diverses, nous paraissent des plus intéressans que l’on ait publiés depuis longtemps. La Terre-Sainte[2], par M. Victor Guérin, n’est pas précisément ce qu’on appelle un récit de voyage, noté comme au jour le jour, sous la brusque impression du moment, mais plutôt un livre savamment composé, repris sur les souvenirs de l’auteur et didactiquement écrit. Le voyage, M. Guérin l’a fait, même il l’a fait plus d’une fois, à titre officiel, et chargé d’importantes missions scientifiques. Son nom, d’ailleurs, est connu pour celui de l’un des plus habiles explorateurs de la Terre-Sainte. Nous louerons donc volontiers l’exécution typographique de ce volume, qui est très belle ; nous ne marchanderons pas l’éloge aux bois, qui n’ont de défaut que d’être un peu plus noirs qu’il ne faudrait ; mais c’est au texte principalement que nous adresserons le lecteur. Il y trouvera l’une des descriptions les plus amples et les plus détaillées qu’il y ait d’une contrée toujours nouvelle à décrire, quoique si souvent décrite ; de curieuses discussions d’histoire et d’archéologie, pour ne pas dire d’exégèse, sur les questions qui lèvent en quelque façon à chaque pas que l’on fait sur le sol de la Palestine ; et si par hasard le style, un peu pompeux parfois, de M. Victor Guérin le choquait dans le goût que nous lui supposons ou plutôt que nous lui connaissons pour la mesure, il n’aurait qu’à relire le Voyage en Syrie de M. Gabriel Charmes et l’équilibre serait rétabli. Je ne pense pas que l’observation soit pour rien diminuer du très vif et très sérieux intérêt qu’on ne saurait manquer de prendre à la lecture du beau volume de M. Victor Guérin.