moins, bien commencé, bien terminé, comptera parmi les plus heureux en même temps que parmi les plus importans. C’est presque de bout en bout, de l’Atlantique à l’Océan indien, de Saint-Paul-de-Loanda jusqu’à Port-Natal et par des contrées où nul Européen n’avait encore posé le pied que l’habile et courageux explorateur a traversé l’Afrique méridionale, se conciliant la faveur des plus gros potentats par des moyens qui n’avaient pas encore été, que je sache, employés jusqu’à présent, comme par exemple en leur faisant confectionner des culottes par ses noirs serviteurs, recueillant des observations scientifiques dont la difficulté même qu’il y avait à les faire nous garantit la valeur, et tenant un journal d’une absolue sincérité, dont nous laisserons au lecteur à juger maintenant quel peut être l’intérêt.
Nous en aurons terminé pour cette année de la littérature des voyages en mentionnant un dernier volume : Sahara et Soudan[1], traduit par M. Jules Gourdault de l’allemand du docteur G. Nachtigal. Allemands et Italiens voyagent terriblement dans des pays qu’il devrait nous appartenir d’explorer. Nous joindrons tout naturellement à ces récits le septième volume de la grande Géographie[2] de M. Reclus, qui traite de la Chine et du Japon. Il serait superflu de redire une fois de plus ce que nous avons eu déjà si souvent l’occasion de dire de ce rare travail. Ce qui est remarquable, c’est que la facilité d’exécution s’y soutienne toujours et que l’auteur, arrivant à son septième volume, n’ait pas un instant plié sous l’amas des documens de toute provenance qu’il a dû soulever.
Nous ne dissimulerons pas une prédilection toute particulière pour les ouvrages on nous voici : ce sont les ouvrages qui traitent de l’histoire de l’art. Ils manquaient à notre littérature. Et encore aujourd’hui, tandis qu’il existe en Allemagne, par exemple, je ne sais combien de Manuels de l’histoire de l’art, nous attendons toujours en France qu’il plaise à quelque éditeur de nous en donner un qui compte et où l’on puisse apprendre. Il y a bien à la vérité quelque chose de ce que nous demandons là dans le livre de M. Henry Havard : l’Art à travers les mœurs[3]. C’est dommage qu’il se rencontre dans la première partie de ce livre, sous prétexte d’esthétique et de philosophie de l’art, beaucoup de confusion. La seconde est plus intéressante, mais sans être tout à fait, même pour l’art français, dont M. Havard a voulu traiter uniquement, ce que le titre semblait promettre, une histoire de
- ↑ Sahara et Soudan, t. I, Tripolitaine, Fezzan, Tibesti, Kanem, Borkou et Bornou, par le docteur G. Nachtigal, 1 vol. in-8o ; Hachette.
- ↑ Nouvelle Géographie universelle. La Terre et les Hommes, t. VII, l’Asie orientale, par M. Elisée Reclus, 1 vol. in-8o ; Hachette.
- ↑ L’Art à travers les mœurs, par M. Henry Havard, 1 vol. in-8o ; Quantin.