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considérables qu’il venait périodiquement enlever à l’ensemble des. disponibilités déjà suffisamment restreintes de la place. A un point de vue plus élevé, c’est-à-dire au point de vue de la solidité de nos budgets et de l’élasticité de nos ressources fiscales, il y a lieu de se demander s’il ne serait pas prudent que la France renonçât pour quelques années à tout emprunt. La question a été posée, récemment, devant le public par M. Léon Say. Mais l’autorisation donnée par le ministre des finances de libérer par anticipation l’emprunt de 1881, sur lequel il ne restait plus-à effectuer, qu’un versement en janvier, n’indique-t-elle pas, au contraire, l’intention du gouvernement de préparer le terrain pour une nouvelle et prochaine opération de crédit ?

On ne peut donc espérer une reprise sérieuse sur les fonds publics tant que. ces deux questions de conversion et d’emprunt ne seront pas résolues. En tout cas, on voit s’accuser sur un autre point des symptômes d’amélioration, et c’est au développement de ces élémens favorables de la situation, qu’est due la fermeté relative des rentes. Nous voulons parler du marché monétaire, pour lequel tout danger de crise paraît définitivement écarté, On avait craint un drainage continu de notre or pendant les dernières semaines de l’année, et voici que les bilans des deux. Banques d’Angleterre et de France accusent, au contraire, chaque semaine, des rentrées de ce métal, en sorte que les réserves de numéraires, au lieu de s’épuiser, sont en voie de reconstitution.

Si les taux des reports mettent à une rude épreuve la force de résistance de la spéculation à la hausse sur les rentes, les acheteurs de valeurs, en revanche, s’accommodent fort bien du prix actuel de l’argent et ne le considèrent nullement comme un obstacle à la continuation de la grande campagne de hausse qu’ils poursuivent depuis si longtemps et avec un succès qui ne s’est pas jusqu’ici démenti et qui vient encore de s’affirmer avec le plus grand éclat.

Aussi on a fait monter la Banque de Paris de 1,245 à 1,345 francs, le Crédit foncier, de 1,735 à 1,800, l’Union générale de 2,580 à 2,950, le Suez de 2,700 à 2,970, la Délégation de 1,150 à 1,300, la Part civile de 1,975 à 2,200, le Lyon de 1,725 à 1,765, le Midi de 1,290 1,360, le Nord de 2,085 à 2,200, l’Orléans de 1,330 à 1,350, les Chemins autrichiens de 695 à 725, le Nord de l’Espagne de 670 à 720, le Saragosse de 555 à 585. Nous, citerons encore, la Banque franco-égyptienne, qui a passé de 900 à 955, la Société générale de 825 à 860.

On voit que les sociétés de crédit ont été très favorisées. Il en est d’ailleurs toujours ainsi à l’approche du 15 décembre, époque à laquelle s’établissent les inventaires sur les résultats desquels les conseils d’administration ont à fixer les dividendes de l’exercice écoulé. Pour quelques-unes des institutions de crédit, en outre, il y a des motifs