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L’influence du clergé de l’église des missions est considérable[1], son appui est recherché ; mais le doyen de la compagnie, M. Dandeson Goûtes, admettant la droiture des intentions, se déclare opposé à la colonisation et décidé à combattre par tous les moyens possibles le projet de l’association. Bientôt, dans un mémoire au ministre des colonies, lord Glenelg, et dans une lettre, dite confidentielle, qu’on répand à profusion, M. Coutes réalise sa promesse. Les membres de l’association sont accusés de n’avoir d’autre guide que l’idée du lucre.

Néanmoins, cette société espère recevoir d’un bill présenté au parlement une sanction définitive, lorsque, dans une audience accordée à ses principaux membres par lord Melbourne, elle est encore jetée dans l’incertitude. Le ministre des colonies, qui est présent, censure les principes de l’association et dénie au gouvernement le droit de s’immiscer dans les affaires de la Nouvelle-Zélande. N’étant point soutenu par le gouvernement, le bill que défend à la chambre des communes M. Francis Baring est rejeté. Un revirement d’opinion ne tarde point à se produire; les membres de l’association sont invités à se rendre de nouveau près de lord Glenelg. Le ministre avait reçu des dépêches du résident britannique à la baie des Iles et des informations du capitaine d’un navire de guerre qui venait de parcourir les côtes; il annonce que le gouvernement abandonne toute objection au projet de coloniser les îles centrales. On allait charger une commission, formée de personnages n’ayant dans l’affaire aucun intérêt privé, du soin de préparer une charte royale analogue à celle dont les colonies américaines avaient été pourvues au XVIe et au XVIIe siècle. L’association ne possédant point le capital qu’on exigeait comme garantie des opérations, elle cessa d’exister.

Cependant, parmi les agriculteurs et les artisans séduits par les avantages que semblait offrir la Nouvelle-Zélande, plusieurs d’entre eux, en vue de l’émigration prochaine, avaient disposé de leurs propriétés ou renoncé à leur profession; ils se lamentaient. Des membres de l’ancienne association, d’autres partisans de la colonisation se concertèrent pour atteindre sûrement le but. Une souscription permit de réaliser un capital de 100,000 livres[2]. Par l’influence de lord Durham, les difficultés furent aplanies; au commencement de l’année 1839, la compagnie territoriale de la Nouvelle-Zélande était fondée[3]. Le gouvernement ne cessait encore de considérer le pays comme terre étrangère et indépendante; la compagnie se trouvait donc forcée de traiter avec les chefs aborigènes pour l’acquisition de vastes territoires. Une première expédition parut indispensable ; il s’agissait de choisir l’endroit convenable

  1. Church Missionary Society.
  2. 2,500,000 francs.
  3. New-Zealand Land Company.