Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les hostilités en ordonnant le massacre de quelques Européens ; il est obéi. Rauparaha semble vouloir rester neutre, mais il a manifesté ouvertement son mépris pour les hommes blancs, il a des membres de sa famille engagés dans la guerre, il est suspect ; sir George Grey le fait saisir par le capitaine du navire stationnaire le Calliope -— il demeurera prisonnier durant deux années. Le 16 mai 1845, un détachement de milice anglaise attaque un groupe de Maoris, et, malgré des pertes sérieuses, reste maître du terrain. Un chef du Haut-Wanganui, du nom de Mamaku, alors en visite à Wellington, entraîné par Rangihœata, devient le premier général de l’insurrection. Un pah est bientôt construit à l’extrémité du havre de Porirua. Les chefs, s’apercevant qu’il est à portée du canon de l’ennemi, l’abandonnent et choisissent un meilleur emplacement dans la vallée de Horokiri. En cet endroit eut lieu un combat où tombèrent plusieurs soldats anglais. La troupe des révoltés, soutenant plusieurs escarmouches, file le long des montagnes de Waïkanœ, voulant atteindre une excellente position défendue par une ceinture de marais où Rangihœata peut défier l’ennemi. Mamaku le quitte afin d’aller à Wanganui, recruter des forces. Au retour, il se voit assailli et arrêté dans sa marche par des tribus alliées aux Anglais.

Un accident changea les dispositions de certaines tribus, jusque alors soumises à l’autorité britannique. À bord d’une canonnière en station dans le port de Wanganui, un novice aurait, en manière de plaisanterie, dirigé son pistolet sur un vieux Maori, qui fut atteint par la balle. De jeunes parens de la victime, à titre de représailles, courent frapper un colon ; ils tuent sa femme et ses enfans. Les meurtriers sont presque aussitôt saisis, jugés par une cour martiale et pendus ; mais les gens de leur tribu, indignés contre les Anglais, vont s’unir aux forces de Mamaku. Les Néo-Zélandais viennent camper à Papaïti et se retranchent. Dans la première rencontre avec les troupes britanniques, ils s’emparent d’une portion de la ville et la mettent au pillage. Les colons s’entassent dans les maisons les plus solides, qu’ils protègent par des fossés ; en cette dure situation, les maladies les atteignent et bientôt, chaque jour, on compte les morts. À la nouvelle des événemens qui parvient à Auckland, le gouverneur se hâte de se rendre sur un navire de guerre, à l’embouchure de la Wanganui. Apprenant que la rive opposée est au pouvoir de l’ennemi, sans perdre de temps, il rassemble les milices et tire des navires tous les hommes disponibles ; il ne s’ensuit que des escarmouches. Les indigènes plièrent, continuant à incendier les habitations et à emmener les troupeaux. Un combat qui fut appelé la bataille du bois de Saint-Jean, mit fin à la lutte ; les Maoris se dispersèrent. Après la répression des désordres de Wanganui, la paix ayant été proclamée le 21 février 1848,