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la malencontreuse idée d’intervenir dans une dispute de ce genre et de décider en faveur de ceux qui cherchaient à vendre. Des arpenteurs s’étant rendus sur le terrain, des Maoris, dans le dessein d’éviter une collision, demeurèrent tranquilles et envoyèrent leurs femmes détruire les piquets : les employés se retirèrent.

On enjoignit aux arpenteurs de procéder à leur besogne, on menaça les indigènes de la troupe s’ils s’obstinaient. Ainsi éclata la guerre, le 4 mars 1860. Le 30 de ce mois se livre bataille à Waireka. Le pah surpris par escalade, les Maoris perdent plusieurs chefs et une soixantaine d’hommes ; cependant le colonel qui commandait les milices anglaises dut se retirer. Au mois de juin, un combat sanglant a lieu à Waïtara, le résultat demeure très incertain. A cet instant, la consternation règne dans la ville de New-Plymouth; les colons ont fait sauver leurs femmes et leurs enfans à Nelson. En février 1861, une bataille s’engagea Haurangi ; les naturels osent attaquer un fort. Repoussés il est vrai, chacun admire la valeur guerrière de ces hommes. De part et d’autre, on pille, on détruit, on incendie, et nul ne saurait dire où sont les plus sauvages. Le gouverneur réclame des forces à Sidney ; on en tire un peu de tous les côtés; un général arrive. Sous la conduite d’un colonel, dix sept cents hommes, en proie à une panique, prennent la fuite devant une poignée de Maoris. Bientôt un nouveau général est investi du commandement de toutes les forces militaires, c’est le général Cameron.

En ce moment, apparaît sur la scène un chef qui, jusqu’alors, s’est tenu à l’écart; on le nomme Wiremu Kingi (roi Guillaume). Il propose au colonel Browne de faire éloigner à la fois de la Waïtara les armées belligérantes et de soumettre la cause à la décision, en Angleterre, de conseillers de la reine. Le gouverneur de la Nouvelle-Galles poussait à une entente avec les Maoris, mais à cette époque, à Londres, ainsi qu’à la Nouvelle-Zélande, on rêvait l’anéantissement des Maoris. Le colonel Browne, flétrissant le mouvement royal, promettait le pardon à ceux qui abandonneraient le parti ; on ne tenait aucun compte des réclamations des indigènes, même lorsque les tribus de la Wanganui manifestaient le désir de rester soumises à l’autorité britannique.

Dans ces conjonctures, le colonel Browne fut rappelé ; sir George Grey reparut à la Nouvelle-Zélande en qualité de gouverneur. Essayant tout de suite d’une réconciliation avec les Maoris, il reçut d’eux des marques d’affection et de respect. Une convention fut bientôt arrêtée; les aborigènes recevaient des garanties pour la paix, pour la vente des terres, pour la sécurité des propriétés ; le gouvernement renonçait au droit de pratiquer des routes sur les territoires des Maoris contre la volonté des maîtres du sol. Le 26 décembre 1861, sir George Grey retournait à Auckland plein