Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’Olympie et de Pergame peuvent être estimées à environ 2 millions de francs. Enfin, cette année même, un seul tableau provenant de la collection des comtes de Schœnborn a été payé 250,000 fr. Ces chiffres, on le voit, ont leur éloquence, et le budget dont disposent nos musées fait assez maigre figure à côté de la riche dotation des musées de Berlin[1].

Mais la composition et le fonctionnement de l’administration de ces musées nous paraissent encore plus avantageux pour eux que les gros crédits dont ils jouissent. Là encore il y aurait pour nous l’occasion de rapprochemens qui ne seraient pas toujours à notre honneur. Donnons donc brièvement quelques indications sur la manière dont les collections berlinoises sont administrées. À leur tête se trouve un directeur-général chargé d’assurer l’unité des services et d’en centraliser les divers élémens. Il correspond avec le ministre et veille, sous sa responsabilité, au recrutement du personnel et à ses actes. Au-dessous de lui, à chacune des sections qui forment l’ensemble, sont attachés non-seulement un conservateur assisté d’un adjoint, mais une commission spéciale composée d’artistes ou d’amateurs connus pour leur compétence. Cette commission, qui compte généralement quatre membres (six pour la peinture) est nommée par le roi pour une durée de trois ans et constitue un comité consultatif sans lequel aucune mesure tant soit peu importante d’achat, de restauration, de déplacement ou d’échange ne peut être prise. En dehors de ses réunions régulières, tout comité peut être convoqué extraordinairement chaque fois que le conservateur ou même un des membres croit qu’il y a urgence à le faire. L’action de chacun, très nettement délimitée, comporte cependant une assez grande indépendance, grâce aux dispositions financières adoptées dans la gestion des musées. Ces musées ont, en effet, une caisse spéciale, et le crédit qui leur est accordé comprend, nous l’avons dit, deux portions distinctes. L’une, la plus forte, appartient en propre à chaque section et peut être dépensée h. son gré par elle sans avoir aucun compte à rendre aux autres[2] ; quant

  1. La somme totale inscrite en France au budget de 1882 est de 162,000 francs pour tous les musées nationaux, c’est-à-dire non-seulement pour toutes les sections du Louvre, mais encore pour les musées de Versailles, Compiègne et Saint-Germain réunis.
  2. Il est, on en conviendra, assez étrange d’obliger, comme chez nous, chaque directeur à prendre, pour toutes ses acquisitions, conseil du Conservatoire, c’est-à-dire d’un comité composé de tous les directeurs, chaque section des collections du Louvre ne disposant, en propre, d’aucun crédit spécial. Quelle compétence peut avoir, par exemple, le directeur du musée de marine ou celui des antiquités assyriennes pour apprécier la valeur d’un tableau ou l’authenticité d’un dessin ? Nous prenons, bien entendu, ces exemples au hasard et pour faire ressortir, indépendamment de toute question de personne, l’inconséquence d’une organisation aussi déraisonnable.