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REVUE LITTÉRAIRE

LE FAUX NATURALISME

La Faustin, par M. Edmond de Goncourt; Charpentier, 1882.

... Supposons donc que le naturalisme, ou réalisme, contienne une part certaine, comme je le crois, et une grande part de vérité; supposons de plus qu’il ait introduit parmi le public de nos jours le goût d’une composition moins artificielle et plus libre, d’une observation plus minutieuse, plus patiente, plus exacte, d’un style plus robuste et plus sain; supposons enfin que les fondemens en soient assez solides, et par conséquent assez durables, comme je l’espère, pour que ni Nana, ni même Pot-Bouille ne puissent prévaloir contre lui. On demande sinon de quel droit, du moins à quel titre M. Edmond de Goncourt représente le naturalisme. C’est un problème. Il comporte deux solutions : la positive et la négative.

La positive serait que l’auteur de la Faustin eût fait quelquefois preuve ou des qualités ou des défauts d’un naturaliste. La négative, que son prétendu naturalisme consistât peut-être, et surtout, à manquer de naturel. Et de fait, au temps où nous sommes, dans l’universelle confusion des idées, il y a si peu de convenance entre les mots dont on use et les choses qu’ils expriment, qu’il se pourrait bien que cette