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avec la permission de M. le ministre, leurs conditions de prix. De là ces tarifs d’importation, d’exportation, de transit, etc., qui sont nécessaires pour attirer ou retenir les transports. En second lieu, là même où la concurrence ne s’exerce pas, l’exploitant a le plus grand intérêt à étendre sans cesse le rayon de sa clientèle et à pénétrer aussi loin qu’il peut aller, en mettant ses tarifs à la portée des voyageurs et des marchandises qu’il sollicite. Que ce soit l’état, que ce soit une compagnie qui entreprenne les transports, le procédé sera le même ; il n’y a pas, dans cette industrie deux façons d’agir. C’est pour conjurer la ruine que, sur une voie établie à grands frais, on s’ingénie à multiplier la circulation des wagons chargés et que l’on introduit successivement, à cet effet, les combinaisons les plus variées dans le jeu des tarifs. Remarquons d’ailleurs que ces combinaisons aboutissent à des réductions de prix ; l’entrepreneur du transport, en agissant pour son compte, sert l’intérêt des producteurs et des consommateurs en général, et par les facilités qu’il procure à la circulation des produits ainsi que des personnes, il aide énergiquement au progrès de la richesse publique.

Il est vrai que ces réductions de prix font parfois grief à des intérêts locaux ou individuels, qui se voient, par le fait d’une manœuvre de tarif, exposés à une concurrence nouvelle contre laquelle ils avaient été jusqu’alors protégés par la distance ; ces intérêts se plaignent, et leurs récriminations sont d’autant plus vives qu’ils contribuent pour leur part d’impôt aux subventions et aux garanties qui ont été accordées au chemin de fer : ils seraient ainsi battus avec leurs propres armes. On réclame donc, en leur nom, des règles précises qui, en matière de tarifs, maintiennent les situations anciennes et ne permettent pas à l’entreprise des transports d’intervenir, au moyen de taxes arbitraires, dans les luttes déjà si ardentes de la concurrence industrielle et commerciale. À ce compte, il faudrait simplement décréter que le transport par chemin de fer se débitera au mètre, quelle que soit la distance parcourue. Comme on est bien obligé de reconnaître que ce procédé serait absurde, on admet une formule transactionnelle qui consiste à établir un tarif décroissant selon la distance, et l’on affirme que, par cette concession, la difficulté sera résolue.

Les auteurs de la proposition méconnaissent absolument le caractère tout à fait spécial de l’industrie des transports, pour laquelle il est impossible d’imaginer une règle tant soit peu précise qui s’accorde avec les besoins si variés, avec les intérêts si multiples et si mobiles qu’il s’agît de desservir. Même pour les voyageurs, le tarif ordinaire doit être modifié sous différentes formes, par des abonne-mens, par des billets de saison, par des billets d’aller et retour, etc.,