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de fer ? Le ministre des travaux publics, M. Varroy, ne l’approuve pas, le gouvernement la combattra ; mais la question est grave, elle mérite d’être étudiée et discutée, et on ne s’oppose pas à une prise en considération, qui ne signifie rien ou qui est le désaveu d’une condition mise par M. le ministre des finances à son entrée au pouvoir. — S’agit-il de la proposition de M. Ballue demandant la nomination d’une commission chargée d’examiner, de centraliser toutes les questions, tous les projets relatifs à l’armée ? Assurément cette commission, renouvelée des comités de la convention, n’est pas sans inconvénient ; M. le ministre de la guerre ne peut l’accepter sans risquer de tomber dans la confusion des initiatives et des responsabilités. Rien de plus vrai, on le sent ; mais on laisse passer la prise en considération, sauf à présenter après coup les objections qu’on aurait pu et qu’on aurait dû présenter avant. — S’agit-il enfin des affaires religieuses, de l’autorité ou de l’abrogation du concordat ? C’est encore et plus que jamais le même procédé, qui consiste à ne décourager personne, à gagner du temps. Oh ! s’il s’agissait de trancher définitivement et souverainement la question, de voter sur le fond, le gouvernement, — M. le président du conseil l’assure, — serait à la tribune pour combattre la proposition de M. Boysset, pour défendre le concordat, « sans en relâcher les liens ; » mais ce n’est qu’une occasion d’aborder ce grand débat, de discuter le problème des rapports des églises et de l’état, de préparer les solutions qui pourront venir plus tard. M, le président du conseil nous y convie avec son élégante dextérité : prenons donc en considération cela comme tout le reste, Cela fera tant de plaisir à la majorité républicaine et si peu de peine au gouvernement ! C’est si facile et si commode de laisser tout passer !

On dira sans doute, comme le gouvernement ne cesse de le répéter avec une invariable placidité, qu’il ne s’agit, en définitive, que de prises en considération, que rien n’est préjugé, qu’où se réserve de combattre au moment voulu des propositions qui sont en effet dangereuses. Malheureusement, c’est là une politique de subterfuges et d’expédiens, qui ne sert qu’à laisser s’accumuler et grossir les difficultés. On se flatte de combattre quand il le faudra la plupart de ces propositions, au moins les plus graves. Est-on bien sûr de réussir, de n’avoir pas laissé tout simplement se compliquer et s’obscurcir une situation pu il n’aurait fallu d’abord qu’un peu de résolution pour arrêter au passage tous ces embarrassans projets ? Ce qui n’est point douteux pour l’instant, c’est, que faute de trouver dans le gouvernement un frein, une force de direction qu’elle n’a pas en elle-même, cette chambre d’aujourd’hui se laisse aller à ce courant de propositions vaines et agitatrices où elle soulève étourdiment toutes les questions, où elle montre autant d’impuissance que d’impatience. On lui parle sans cesse de réformes : que ne recherche-t-elle les réformes