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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/484

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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


La liquidation de fin février a éclairci la situation ; le marché est rentré dans les conditions normales ; les agens de change ont rouvert leurs carnets ; avec la reprise des opérations à terme a coïncidé une amélioration générale des cours des rentes et des valeurs ; la spéculation a fait germer rapidement la semence jetée par l’épargne sur un terrain qui paraissait pour longtemps stérilisé.

Pendant huit jours le marché financier a présenté le spectacle d’une animation de bon aloi, contrastant avec l’aspect sombre et l’attitude de découragement qu’il avait gardés tout le mois de février. La hausse, rendue possible par l’extrême abondance de l’argent et par l’abaissement des taux de report qui en a été la conséquence, s’est accentuée de jour en jour, jusqu’à faire craindre que les leçons d’un passé encore bien récent ne fussent oubliées ou méconnues. Déjà les sages de la Bourse déclaraient que le but était dépassé et que la spéculation s’abandonnait de nouveau à des exagérations qui lui avaient été. pourtant si funestes. Heureusement, ces avertissemens ont été entendus. Les banquiers qui avaient ramassé beaucoup de titres, le mois dernier, dans les plus bas cours, en ont renvoyé quelques-uns sur la place, et la spéculation a prudemment résolu de ne pas s’exposer par trop de précipitation à de nouveaux orages. De là le recul des derniers jours, recul logique et salutaire, puisqu’il aura eu pour conséquence de consolider le terrain sur lequel les capitalistes et la spéculation peuvent prendre position en vue d’opérations futures, dans lesquelles, il faut l’espérer, les calculs seront plus exactement que par le passé mesurés aux réalités.

L’ensemble de la situation financière, on doit le constater, favorisait singulièrement pendant cette quinzaine les idées de reprise ; les ressources disponibles n’ont cessé de s’accroître au Stock-Exchange et ici ; les achats au comptant sont restés très actifs ; des rentrées d’or considérables se sont produites dans les deux grandes banques de l’Europe occidentale ; le taux de l’escompte a été abaissé sur tous les grands marchés du continent. Le bilan de la Banque de France cette semaine a été particulièrement satisfaisant. Le montant des avances sur titres a fléchi de 328 à 311 millions, celui du portefeuille de 1,445 à 1,341. Compensation faite des sorties et des entrées, la circulation des billets a pu être réduite de 48 millions, tandis que l’encaisse métallique a augmenté de 9 millions, atteignant 1,975 millions, dont 841 en or, contre une circulation fiduciaire totale de 2,723 millions. La baisse du taux