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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/569

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que l’on écarte toute idée de conversion pendant l’année 1882, mais il nous paraît que cette opération, qui aurait dû être faite déjà depuis quatre ou cinq ans, devra vraisemblablement s’effectuer en 1883, quand le marché sera remis de ses émotions récentes. Cette réserve est indispensable à Taire, car l’on ne peut différer indéfiniment une économie annuelle de 60 millions. M. Léon Say, d’ailleurs, dans l’exposé des motifs du budget de 1883, semble reconnaître implicitement que le retard apporté à la conversion ne saurait être très long. « Ce n’est un secret pour personne, écrit-il, que les dégrèvemens nécessaires promis par l’ancienne chambre à l’agriculture et que la nouvelle voudra réaliser, sont liés à une grande opération financière en ce moment ajournée. » Nous soulignons ces mots : en ce moment, parce qu’ils nous donnent de l’espoir pour un temps prochain.

Un programme ministériel, surtout en matière de finances, ne peut pas se composer de négations. Aussi M. Léon Say a-t-il tout un ensemble de propositions nouvelles à substituer à l’imbroglio dans lequel on s’était engagé depuis plusieurs années. Ces propositions ont été l’objet de nombreuses critiques ; elles nous paraissent fort sages. Tout homme qui est au courant de la situation exacte et tendue de nos finances admettra avec nous qu’un prompt changement de système est indispensable.

Les combinaisons d’ailleurs très simples et très naturelles du ministre des finances portent sur trois points principaux : le règlement de la dette flottante, la réduction et la dotation du budget des dépenses sur ressources extraordinaires, puis un mode nouveau d’évaluation des recettes pour le budget ordinaire.

Examinons successivement chacun de ces trois points : il nous sera facile de dissiper les préventions d’esprits légers. Une opération préliminaire d’où dépend toute la solidité de nos finances futures, c’est le règlement de ce que notre dette flottante a d’excessif. Cette dette se compose des élémens les plus variés, dont la plupart sont de toute récente origine. Les découverts des budgets écoulés (et c’était jusqu’à ces derniers temps la seule raison d’être de la dette flottante) ne représentent dans cette dette que 700 millions environ. L’insuffisance du récent emprunt d’un milliard, qui vient d’être libéré et dont tous les fonds étaient d’avance absorbés par les dépenses extraordinaires créditées en 1879 et en 1880, est de 13 millions en chiffres ronds par rapport à ces dépenses auxquelles il était affecté ; la dette flottante en est grossie d’autant. On a négligé démettre des emprunts pour les dépenses extraordinaires de 1881 et de 1882 : celles du premier de ces exercices s’élèvent à 603 millions et celles du second sont évaluées à 563 millions ;