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Au commencement de cette étude, nous nous sommes élevé contre ce que nous avons appelé l’enchevêtrement de nos budgets extraordinaires, le caractère inextricable qu’ils présentent, leurs empiétemens les uns sur les autres. Après ces retranchemens fort légitimes, qui n’ont qu’une valeur de comptabilité et qui ne changent rien aux services, le budget extraordinaire monterait encore à 297 millions. M. Léon Say fait une réduction nouvelle ; il déduit du ministère des travaux publics 40 millions de francs concernant des travaux de chemins de fer qu’il propose de confiera l’industrie privée, c’est-à-dire aux grandes compagnies les seules qui puissent entreprendre sans subvention des œuvres improductives. Le budget extraordinaire, du chiffre de 621 millions auquel l’avait arrêté M. Allain-Targé, se trouve, en dernière analyse, ramené à 257 millions ; comment trouve-t-on cette somme sans emprunt, sans charge d’intérêt pour le trésor ? On se la procure par une combinaison ingénieuse et simple, par le remboursement de 260 millions qu’opéreraient les grandes compagnies de chemins de fer sur les sommes que l’état leur a successivement avancées à titre de garanties d’intérêts.

C’est ici le point le plus attaqué du budget de 1883. À vrai dire, dans toutes les objections qu’on soulève, il y a beaucoup d’ignorance et de légèreté. La plupart des personnes ne comprennent pas au juste ce dont il s’agit, et ceux qui défendent les projets ministériels n’ont pas eux-mêmes l’intelligence très exacte de la combinaison et de son importance. Nous allons plus loin, nous ne craignons pas d’écrire que l’honorable M. Varroy, le ministre des travaux publics, dans les explications qu’il a données à la commission parlementaire des chemins de fer, ne semble pas avoir bien saisi et qu’à coup sûr il n’a pas nettement exposé les avantages réels du système proposé. De là vient que beaucoup d’esprits conciliateurs, comme il s’en rencontre toujours, s’imaginent avoir trouvé entre le plan de M. Léon Say et les idées de ses adversaires des moyens de transaction qui n’existent pas le moins du monde.

Au point de vue simplement financier, ce que recherche le ministre des finances, c’est d’abord le remboursement d’une somme de 260 millions, qui n’est pas immédiatement exigible des grandes compagnies, qui ne l’est que conditionnellement et par fractions successives indéterminées. Mais ce n’est pas là le seul objet que poursuit le ministre ; il lui faut encore que les grandes compagnies se chargent d’un ensemble de travaux publics représentant une dépense de 40 millions de francs pour l’exercice 1883 et de sommes infiniment plus fortes pour les exercices suivans. N’oublions pas ces deux points, car on semble prendre plaisir à en écarter tout au moins un. Le gouvernement veut, en outre, au point de vue économique général, atteindre un résultat important, essentiel : des améliorations