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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/939

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REVUE LITTÉRAIRE

LA SOCIÉTÉ PRÉCIEUSE AU DIX-SEPTIÉME SIÈCLE.

La Jeunesse de Fléchier, par M. L’abbé A. Fabre, 2 vol., Paris, 1882; Didier.

Il arrive encore assez souvent que le véritable intérêt d’un livre, et d’un bon livre même, ne soit pas précisément, — faut-il dire où l’auteur l’a cru mettre? — mais du moins où le titre inviterait à le chercher. C’est un peu le cas, à ce qu’il nous semble, du curieux et consciencieux ouvrage de M. L’abbé Fabre sur la Jeunesse de Fléchier. On y cherche d’abord Fléchier, et il y est, et on l’y trouve, mais, insensiblement, cette souriante physionomie du précieux abbé décroît, pour ainsi dire, et recule vers le fond du tableau; ce sont d’autres figures qui viennent l’une après l’autre se montrer au premier plan; on le perd enfin de vue et c’est toute une petite société qui s’anime et qui tire à soi l’attention qu’il faut convenir qu’en effet le seul Fléchier ne suffirait peut-être pas à retenir si longtemps. Aussi bien son sort est-il ici celui de tous les écrivains secondaires. S’ils manquent d’originalité, ce n’est pas tant, comme on le croit d’ordinaire, pour avoir dit ou pensé des choses que l’on aurait dites ou pensées avant eux; il y a plus, puisque c’est eux qui, fréquemment, jettent ce qu’on appelle des idées neuves dans la circulation commune; mais en cela même, traducteurs plutôt qu’inventeurs, leur parole est beaucoup moins l’expression d’une pensée qui leur appartienne en propre que le fidèle écho des opinions qui se sont agitées autour d’eux. Lire