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L’action de la Banque s’est relevée au-dessus de 5,000 francs. Les Bénéfices hebdomadaires restent très élevés et la diminution du portefeuille paraît arrivée à son terme. Aussi n’est-il plus question, pour quelque temps au moins, d’un abaissement nouveau du taux de l’escompte.

L’assemblée générale du Crédit foncier, tenue le 4 avril, a voté toutes les propositions du conseil d’administration, fixé le dividende de 1881 à 50 francs, et décidé qu’il serait prélevé sur les réserves disponibles une somme de 39 millions, qui sera employée à libérer les actions à concurrence de 150 francs, en sorte que, le mois prochain, ces titres se négocieront libérés, non plus de 250, mais de 400 francs. La situation du Crédit foncier est assurément très prospère aujourd’hui, mais on ne peut s’empêcher de songer que cette prospérité est due en grande partie aux bénéfices énormes procurés par la liquidation du portefeuille de valeurs égyptiennes et par la vente à des cours inespérés de titres de la compagnie de Suez. Ce qui avait failli perdre le Crédit foncier a fait sa fortune actuelle. Ces bénéfices exceptionnels ne pourront plus alimenter à l’avenir les dividendes. Or le rapport lu à l’assemblée constate en termes formels que, malgré l’accroissement très notable des prêts hypothécaires en 1881, les opérations relatives à ces prêts n’ont fourni que 6 à 7 millions aux 16 millions de bénéfices permettant de répartir 50 francs par action, tandis que les opérations relatives aux prêts communaux n’ont donné aucun bénéfice en 1881. Ajoutons que le Crédit foncier ne place que très difficilement ses obligations avec ou sans lots.

Parmi les autres sociétés de crédit, la Banque de Paris est la seule qui ait repris faveur. Quelques achats l’ont fait remonter de 1,200 à 1,230. La Société générale, le Crédit lyonnais, la Banque d’escompte, la Banque franco-égyptienne ont été complètement délaissés. Quant aux banques qui s’étaient constituées ou réorganisées à l’époque de la grande fièvre de spéculation dans l’unique intention de faire des émissions, elles sont l’objet d’une défaveur croissante et voient les cours de leurs titres s’effondrer avec une effrayante rapidité. Le Crédit général français est à 500, le Crédit de France et le Crédit de Paris à 490, la Banque romaine à 440. La crise a enlevé toute raison d’être à la plupart des établissemens de ce groupe; le public le comprend et s’éloigne; les malheureux actionnaires, cruellement désillusionnés par la disparition complète du mirage des primes, cherchent en vain à se débarrasser de leurs titres.

Les valeurs industrielles ont été bien tenues cette quinzaine ; le Suez a dépassé 2,600; le Gaz et l’Omnibus trouvent des acheteurs toutes les fois que les cours sont ramenés à 1,500 et 1,600. Les valeurs ottomanes ont été constamment en faveur; la spéculation qui les pousse est de bonne qualité et paraît avoir commencé un mouvement à long terme.

Les actions de l’Union générale n’ont plus de cours. Mais une réunion