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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 50.djvu/964

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des créanciers de la faillite a eu lieu il y a peu de jours et a ramené l’attention sur cette société, qui avait inspiré pendant quelque temps de si brillantes espérances. Que reste-t-il aujourd’hui de cette immense fortune? Le rapport du syndic l’expose froidement dans une conclusion dont la sécheresse est singulièrement éloquente : un actif de 112 millions et un passif de 2kl millions. Le déficit est de 135 millions.

En ce qui concerne l’émission des actions nouvelles, le syndic estime que l’opération a été effectuée dans des conditions qui en assurent la validité. Mais comme il n’espère pas obtenir plus du cinquième ou du quart des 100 millions dus à la société par la coulisse de Paris et de Lyon du fait de cette émission, il compte appeler 250 francs sur chacune des actions anciennes.

C’est une grande chance que l’Union n’ait pas entraîné dans sa ruine les sociétés diverses qu’elle avait créées à l’étranger. On a conçu pendant quelque temps les craintes les plus sérieuses sur la plus importante de ces créations, la Banque des pays autrichiens; mais ces appréhensions n’étaient pas fondées. L’établissement autrichien n’avait pas eu le temps de commettre de grandes fautes; il s’était surtout abstenu de jouer sur ses propres titres. Bien lui en a pris; aujourd’hui il dispose de ressources considérables et d’une réalisation facile, et se trouve engagé dans des entreprises dont la plupart ont été heureusement conçues et donnent de belles promesses. L’affaire des Chemins serbes, entre autres, a été immédiatement réorganisée par un syndicat dans lequel la Banque des pays autrichiens a la bonne fortune de se trouver associée avec un établissement comme le Comptoir d’escompte. La Société minière et métallurgique des alpes autrichiennes paraît également avoir désormais son existence assurée grâce à l’appui qu’a pu lui donner la Banque des pays autrichiens. Ce qui manque à celle-ci, privée de la tutelle naturelle de l’Union générale, c’est un conseil d’administration capable de constituer une force morale à côté de la force matérielle que donne un capital intact de 100 millions de francs, renforcé d’une réserve de 15 millions. La Banque des pays autrichiens reste isolée en Autriche et dans le monde financier européen; il faut qu’elle se crée des alliances si elle ne veut voir frappées de stérilité les ressources considérables dont la disposition lui est assurée.

Les administrateurs de la Banque des pays hongrois, autre création de l’Union, n’ont pas encore fait connaître quelle influence la crise avait eue sur le sort de cette société. Mais rétablissement hongrois était resté plus éloigné que l’établissement autrichien de la sphère d’action de l’Union générale, et il faut espérer que la prochaine assemblée générale révélera une situation, sinon brillante, su moins intacte.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.