eut pour conséquence des dons innombrables et un entassement prodigieux d’objets d’orfèvrerie ; les seules épaves de ces trésors constituent la richesse principale de l’exposition actuelle, malgré toutes, l’es vicissitudes qui ont pu contribuer à leur dispersion dans le monde ou à leur irréparable destruction.
Nous avons sous les yeux l’énumération des présens et des legs faits : par les souverains à leurs enfans depuis Alphonse IV (1385). jusqu’à l’époque du marquis de Pombal (1755). La richesse de ces inventaires dépasse, toute proportion gardée, celle des plus grands pays de l’Europe, comme si le goût et l’usage des objets d’or était plus répandu ici que partout ailleurs. Quant aux objets profanes, nous ne voyons dans les vitrines du palais de Pombal que quelques superbes spécimens tirés des collections royales et des dressoirs de la haute aristocratie du pays. Si nous y ajoutons par la pensée les quarante ou cinquante pièces connues dans nos collections françaises et anglaises, et celles qui ornent encore les palais royaux d’Adjuda et des Necessidades de Lisbonne, nous devons avoiir l’ensemble très restreint de tout ce qui reste en ce genre de la belle époque portugaise. C’est dire ce que la fonte a détruit et ce que les. vicissitudes successives ont pu anéantir. Un écrivain spécial qui publie en ce moment une Histoire de l’orfèvrerie portugaise avec des documens tirés des archives nationales du pays[1], estime que l’ensemble de ce qui reste de pièces de dressoirs représente à peine ce que devait contenir le palais d’un infant aux environs du XVIe siècle.
Le fait est que jamais la générosité humaine ne s’exerça d’une façon plus grandiose ; les présens à l’occasion des mariages royaux et de ceux des infans dépassent en nombre ce qu’on peut imaginer ; et le poids massif d’or que représentent ces munificences est tout à fait invraisemblable. C’est le temps où les lingots d’or abondent à un tel point que ceux qui les reçoivent n’ont pas le temps de les compter. Dès que les premiers navigateurs eurent découvert les pays fortunés (la découverte de Mina date de 1482), la société portugaise, jusque-là vouée à de rudes sacrifices, commença à jouir de cette prospérité inespérée avec un esprit de prodigalité sans pareil ; mais le rêve fut aussi brillant que passager. Il faut, pour comprendre ce qui se passait alors, lire les chroniques de Garcia de Resende et les lettres de Damian de Goes (1501-1572). Depuis 1456 jusqu’à la fin du XVIe siècle, nous pouvons assister au spectacle des munificences de la cour de Portugal en lisant les relations du chevalier de Ehinigen, celles de Barao de Roszmithal, de Hieronimus Munster, de Martin Behaira, du chevalier de Harff. Il y a
- ↑ Joaquim Vasconcellos, Ourivesaria e Joialheria portugueza ; Porto, 1882.