plus vives, et avec l’éclat de la parole et l’ardeur de la pensée, les passions du pays, mais d’appeler les arrondissemens à choisir dans leur sein des hommes de bon sens résolus à pratiquer sagement la nouvelle constitution. La médiocrité, qui est l’écueil du scrutin uninominal, l’effrayait moins que la passion. Il soutint vivement la discussion et montra que le scrutin de liste détruisait les rapports entre les électeurs et le candidat, leur substituait l’action de comités anonymes et risquait de décourager l’électeur en lui enlevant toute initiative et toute influence. Le scrutin d’arrondissement l’emporta. C’était le testament de l’assemblée.
Les élections constituèrent le sénat, puis le 20 février, les députés furent nommés. L’échec de la politique hésitante dépassa toutes les prévisions. Le suffrage universel par horreur des équivoques se porte toujours vers les extrêmes. Si le scrutin de liste eût été en vigueur, n’est-il pas permis de supposer que la réaction républicaine cherchant l’expression la plus claire de sa pensée eût fait de tels choix que d’un seul coup toutes les digues eussent été emportées ? Les élections donnaient à la vérité la majorité aux gauches, mais elles n’excluaient pas la pratique d’une politique modérée. Elles n’écartaient que les défenseurs des stériles transactions exigées par l’assemblée nationale. M. Buffet, battu dans quatre collèges, donna sa démission, dès que les résultats du scrutin furent connus. Le maréchal obéit à l’opinion publique et nomma le même jour M. Dufaure président du conseil. Il fallait terminer les élection, en surveillant les scrutins de ballottage. M. Dufaure, ministre de l’intérieur par intérim, y appliqua tous ses soins. Sans changer le personnel, il tempéra l’ardeur de certains préfets, interdit toute infraction aux règles de la neutralité électorale et s’efforça de calmer les passions, tandis qu’il préparait les élémens de son nouveau ministère. Aux monarchistes qui suivaient naturellement M. Buffet dans sa retraite, le nouveau président du conseil substituait des membres du centre gauche comme MM. Ricard, Christophle et Waddington, ou des amis d’ancienne date tels que M. Teisserenc de Bort et l’amiral Fourichon.
À dater de ce jour, M. Dufaure considérait que la politique était toute différente. Jusque-là il avait eu pour adversaire l’équivoque. Désormais il allait avoir à lutter contre des affirmations positives servant de mot d’ordre à des impatiences longtemps contenues.
Dans les premiers mois, il n’y eut pas de difficultés sérieuses. L’amnistie pour les insurgés de la commune fut la première des sommations radicales ; mais l’extrême gauche s’en souciait seule. Le cabinet fut unanime à la repousser et à décider en même temps que le gouvernement userait du droit de grâce pour effacer peu à peu et dans la mesure de l’équité, les suites de la guerre civile.