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LES FINANCES
DE
L’EMPIRE ALLEMAND

LA CONSTITUTION ET LE BUDGET

Le retentissement des débats soulevés en Allemagne, à propos du programme de réformes fiscales et d’institutions sociales soumis au parlement de l’Empire, appelle l’attention sur la politique intérieure de ce pays. Depuis les revers inouis qui ont laissé la France mutilée, rien de ce qui touche cette politique ne doit ni ne peut nous laisser indifférent. Nous avons un intérêt trop évident à suivre la marche des affaires d’outre-Rhin, ne fût-ce qu’à titre d’information, et pour remédier à une ignorance qui a été pour beaucoup dans nos malheurs. Si nos hommes d’état ont négligé longtemps de prendre les informations susceptibles de rectifier leur jugement et de les mettre en mesure d’apprécier d’une manière plus juste l’état des choses chez les peuples voisins, de terribles leçons nous ont appris quel danger il y a de se faire illusion et de s’abandonner à l’impression de ses sentimens, au lieu de tenir compte de la réalité des faits. On n’écarte pas une situation difficile ou gênante en s’obstinant à l’ignorer. En ce qui concerne particulièrement l’état des finances allemandes et le mouvement socialiste qui agite les populations ouvrières, on aime à croire parmi nous que le socialisme et la misère économique nous préparent dans un prochain avenir une éclatante revanche de nos humiliations. Or la vérité est que les finances de l’Allemagne, sans être exubérantes, sont peut-être moins menacées et moins compromises que celles de la France. Quant au