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nale acquise. Mais enfin, des gens qui travaillent de leurs mains plus qu’ils ne cultivent la politique ne peuvent s’empêcher, après comparaison des obligations du présent avec les aises du passé, dans les petits états encore autonomes comme dans les provinces annexées par la Prusse, ces gens-là ne peuvent se défendre d’un mélancolique retour sur le bon temps de l’ancienne confédération.

L’ancienne confédération germanique n’imposait à ses membres aucune charge spéciale. Les états confédérés représentés à la diète se gouvernaient chacun à sa façon, sans autre obligation que celle de se prêter la main en cas d’agression du dehors. Point d’armée commune ; par conséquent, point de budget fédéral non plus, ni de contribution autre que les impôts modérés indispensables pour satisfaire aux dépenses propres à chaque état en particulier. Loin d’avoir son budget commun, les états de la confédération se sont partagés entre eux, jusqu’au jour de l’introduction de la constitution de l’Empire le produit des recettes perçues au nom de la communauté de l’union douanière du Zollverein. Mais aussitôt que l’ancienne confédération germanique forma la nouvelle union de l’Empire allemand, la constitution introduisit, avec un gouvernement unitaire, le service militaire, obligatoire pour tout citoyen allemand, dans une armée commune, sous le commandement suprême du roi de Prusse, investi du pouvoir impérial. La formation d’une armée commune, placée sous un commandement unique, impliquait nécessairement la création de ressources propres, indispensables pour l’entretien de cette armée, à fournir par l’Empire, ressources d’autant plus considérables que l’effectif des hommes présens sous les drapeaux se trouvait accru de beaucoup. Le revenu des douanes et des impôts de consommation perçus par l’administration du Zollverein servit de premier fonds attribué à la communauté de l’Empire. Avant l’introduction de la constitution de l’Empire, les recettes communes de l’union douanière se répartissaient entre les états particuliers en raison de leur population respective : le chiffre de la population dut également servir de base pour appliquer aux mêmes états le déficit annuel, — sous la dénomination de contribution matriculaire, — qui restait à couvrir sur l’excédent des dépenses communes, en sus du produit des douanes et des impôts de consommation. Croissant très vite, les dépenses du nouvel Empire se trouvèrent bientôt hors de proportion avec les premières ressources fournies par les impôts de consommation et les droits de douane. Elles se sont élevées au point que les états particuliers n’arrivent plus à payer les contributions matriculaires sans se grever de dettes pour couvrir les déficits du budget de l’Empire. Comme remède à cette situation et pour imposer silence, pour faire taire les murmures des états particuliers, le chancelier de l’Empire est en quête