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fondateur. Mais ce n’est pas là qu’il faut chercher le vrai modèle de l’habitation rurale ouvrière. Rien ne vaut l’appropriation d’une petite maison à une seule famille, avec le jardin attenant qui fournit une distraction, une cause de salubrité et quelque supplément à l’ordinaire du ménage. La famille veut et doit rester à part. Le mot : Chacun chez soi est là bien à sa place.

Le mobilier est réduit à un nécessaire assez strict ; mais à l’exception des plus pauvres, il est suffisant, il a aussi certainement gagné depuis un demi-siècle. En général, le coucher est sain. Sur de bons bois de lit s’étendent des paillasses remplies de menue paille ; une paillasse pleine de grande paille sert de sommier. Les traversins et les oreillers de plume de poule, les couvertures de laine pour l’hiver, de coton pour l’été, complètent cette sorte d’ameublement. Dans les ménages pauvres, on n’a pas de couvertures de laine ; on se couvre l’hiver avec des sacs. Ajoutez une armoire, souvent en chêne, une commode, une table, quelques chaises, une horloge, un miroir, deux ou trois livres d’église et, quand il y a des enfans, des livres de classe. Assez fréquemment aussi des images attachées aux murs représentant quelques sujets profanes ou sacrés. À cet ameublement on peut joindre les ustensiles servant à la cuisine, au chauffage, à la table pour les heures de repas, à l’éclairage et aux soins de propreté de la demeure et de la personne. Ici encore le linge, cher aux ménagères, retrouve une assez grande place ; les serviettes figurent en nombre souvent plus grand qu’on ne pourrait le croire dans ces humbles ménages ruraux. Que si, enfin, la famille exerce elle-même un métier ou travaille la terre pour son propre compte, alors il faudra ajouter, outre les immeubles annexés à l’habitation et aux usages domestiques, ce qui forme le matériel spécial des travaux, tels que les outils pour la culture des champs et la récolte des céréales, ceux pour l’exploitation des chevaux ou des vaches et pour la basse-cour, ceux pour la laiterie, ceux pour la culture du jardin. Dans telle famille agricole où on exploite le chanvre, ce seront encore des outils spéciaux pour ce genre de travail, les broyons ou tillés, qui brisent la partie ligneuse du chanvre, l’éphaugeoir et sa palette, destinés à débarrasser les filamens du chanvre des filamens ligneux qui y adhèrent encore, les scrans, grandes cardes armées de fil de fer, etc. Viendront enfin dans ces familles de travailleurs les outils pour les réparations exécutées à la maison, ceux qui servent au blanchissage, à l’entretien du linge et des vêtemens, etc.

L’épargne tient une grande place, malgré l’accroissement des consommations, chez les populations du Nord et du Nord-Ouest. Outre les placemens représentés par les achats de terre, les notaires