Quel est le caractère, quelle sera l’influence de cette trêve que les
partis ont voulu s’accorder les uns aux autres, qu’ils ont accordée au
cabinet nouveau en prenant un congé de quelques mois ou de quelques
semaines ? que sortira-t-il de cette situation où toutes les querelles
semblent suspendues et ajournées plutôt qu’apaisées ? Ce qu’il y a de
plus clair et de plus apparent d’abord, c’est que la trêve existe ; elle a été acceptée d’un consentement tacite et unanime, après une longue crise de pouvoir, à l’avènement d’un ministère dont l’apparition a été le signal désiré de la détente et de la dispersion. Aussi bien il était temps de mettre fin à une session qui, après avoir commencé si bruyamment et avoir dévoré deux cabinets en quelques mois, menaçait de se perdre dans la confusion, sans avoir produit une œuvre
sérieuse et utile. On n’avait pas le choix ; on s’est mis d’accord d’une manière provisoire, si l’on veut, pour éviter de prolonger le spectacle d’agitations stériles et pour laisser le répit des vacances à un ministère né péniblement de la nécessité du moment ou de l’impossibilité de toutes les autres combinaisons. C’est ce qu’on peut appeler la trêve de la lassitude, et tant que la lassitude durera, ou tant que les vacances se prolongeront, la trêve pourra se maintenir, mais il est bien évident que les difficultés ne sont qu’ajournées, que les querelles qui ont fatigué l’opinion depuis quelques mois se reproduiront, que toutes les crises de parlement et de gouvernement renaîtront si, à la rentrée des chambres, les partis dominans reviennent avec leurs passions et leurs préjugés, tout prêts à recommencer leurs tristes et stériles campagnes de politique extérieure aussi bien que de politique intérieure. On ne sera pas plus avancé si, d’ici à une session nouvelle, députés et