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obstination, ce qui se préparait en Allemagne et ce qui nous manquait. On a retrouvé ces lettres, qui avaient été un avertissement inutile, presque importun. Lorsqu’éclatait la crise inévitable, il était à Frœschviller et à Sedan. Échappé à la captivité sans avoir manqué à sa parole, il s’était aussitôt rendu auprès du général Trochu à la veille de l’investissement de Paris, et là il était un des chefs du siège, un des plus actifs organisateurs de la défense. Il avait trop de sagacité militaire pour se méprendre sur les conditions inégales de la lutte ; il avait cependant gardé assez longtemps de l’espoir et, dans tous les cas, il pensait qu’on se devait de tenir le plus possible dans ce dernier retranchement de l’indépendance française, de sauver au moins l’honneur des armes. Cet honneur, il croyait pour sa part l’avoir sauvé à Villiers et à Champigny.

Chose étrange ! pour un cri patriotique et militaire échappé de son âme, pour avoir dit qu’il ne rentrerait « que mort ou victorieux, » le général Ducrot a été l’objet de toutes les iniquités, et on ne s’aperçoit pas que, dans ces iniquités, il y a une sorte de sauvagerie. Ainsi, un homme aura combattu pendant deux jours, payant partout de sa personne, chargeant à la tête de ses soldats, brisant son épée sur les Saxons, bravant les obus : cela ne suffit pas aux grands patriotes qui l’accusent, qui n’ont pas eu leur compte ! Le général Ducrot les a frustrés en revenant remplir son devoir jusqu’au bout. De plus, le général Ducrot avait été tour à tour député à l’assemblée nationale, commandant d’un corps d’armée et, en fin de compte, il était la victime de la politique qui l’avait condamné avant l’âge à une retraite cruelle pour son activité. Son dernier honneur a été que, même dans cette retraite, il restait encore pour notre armée un des chefs faits pour la conduire le jour où la France aurait eu à combattre pour sa défense.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Le marché des rentes, à peu près immobile pendant presque toute la quinzaine, s’est un peu animé à l’approche de la liquidation, et les vendeurs ont reconnu l’impossibilité d’enlever à la spéculation haussière