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On aura beau jeter l’or à pleines mains ; impossible de combler cette sorte de tonneau des Danaïdes ; la charité pure, tout en soulageant les misères, est impuissante à en supprimer les causes et à suppléer à la justice[1]. De même, la religion ne saurait remplacer la science. « Il est une chose, dit M. Spencer, qui appelle une réprobation sévère ; c’est ce gaspillage d’argent inspiré par une fausse interprétation de la maxime bien connue : La charité efface une multitude de péchés. Chez les nombreuses personnes qui s’imaginent, par suite de cette fausse interprétation, qu’en donnant beaucoup elles peuvent expier leurs mauvaises actions, nous pouvons reconnaître un élément de véritable bassesse. On s’efforce d’acquérir

  1. « Allez partout où vous voudrez, dit Mrs Grote ; le trait permanent de chaque country seat, ce sont les occupations de charité. Quelle est la résidence rurale où un hôte est à l’abri de l’assiette passée à la ronde ou du livre de souscription ? Y a-t-il un dîner en province où la loi des pauvres, le comité des administrateurs et autres sujets semblables ne prennent dans la conversation la première place ? Il n’est que tout juste prudent d’accompagner l’hôte chez qui vous êtes à l’office de l’après-midi à sa paroisse, car il y a dix à parier contre un que vous serez pris par une collecte à la porte de l’église, après le sermon. Tout cela outre une taxe des pauvres qui monte à quelque chose comme 7 millions sterling par an. » (Collected Papers, p. 53.) Aujourd’hui la taxe des pauvres est environ de 250 millions de francs.