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et les installations coûteuses de ses succursales, ne paraît pas devoir fléchir au-dessous du cours actuel, 630. Le Crédit mobilier est ferme à 520, mais l’avenir de cet établissement est des plus incertains. Il tirait jusqu’à ce jour de la liquidation de la Compagnie immobilière le plus clair de ses bénéfices; cette source est aujourd’hui épuisée ; le capital est, en grande partie, immobilisé dans des entreprises peu prospères ; on se demande de quels élémens seront formés à l’avenir les dividendes.

Il n’est pas jusqu’au Crédit général français qui n’ait cru devoir pendant cette période relever ses cours de 445 à 475 francs. Ses actions, libérées de 125 francs, ne perdent plus que 25 francs au lieu de 55. Cet établissement pourra-t-il subsister sous sa forme actuelle, c’est-à-dire avec un capital nominal de 120 millions, sur lequel il a été versé 30 millions? Il est probable qu’il devra songer à une concentration de ses 240,000 titres libérés du quart et nominatifs en 60,000 titres libéré, ne fût-ce que pour dégager ses actionnaires des appréhensions bien légitimes que leur cause la responsabilité pour les versemens futurs. Concentration ou fusion, tel doit être l’objectif de la plupart de ces établissemens de crédit créés à une époque de fièvre, et dont les titres mal classés inspirent aujourd’hui une méfiance invincible au public capitaliste et constituent l’obstacle le plus sérieux à cette reprise d’affaires que tout le monde attend et espère, mais dont les mouvemens de hausse du mois dernier ne sont encore qu’une vaine apparence.

Nous ne parlons pas des établissemens comme le Crédit de France, la Banque romaine, le Crédit de Paris, la Banque des prêts à l’industrie, toutes officines à émission, déjà tombées ou bien malades; quant aux créations de 1881 destinées à survivre à la crise elles devront tôt ou tard subir une forte réduction. Une petite société, qui a été sagement conduite d’ailleurs, le Crédit algérien, a donné récemment l’exemple en ramenant son capital de 20 à 15 millions, par le rachat et l’amélioration de 10,000 de ses actions. Le procédé sera certainement imité.

Les actions des chemins français n’ont donné lieu qu’à de rares transactions pendant cette dernière quinzaine. Celles des chemins étrangers, surtout des Lombards et du Saragosse, ont été constamment recherchées par la spéculation et même par les capitaux de placement.


Le directeur-gérant : C. Buloz.