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prix bien supérieurs à ceux qu’auraient justifiés les prévisions les plus optimistes sur la rapidité de la progression du rendement. Même à 2,590, ces titres paraîtront bien payés si l’on tient compte du revenu probable de 1882. Ce mouvement de recul n’en a pas moins rendu plus circonspects les spéculateurs qui auraient été tentés de s’engager sur d’autres valeurs.

Les titres les plus favorisés depuis le 15 courant ont été les obligations de la dette égyptienne, la rente turque et la Banque ottomane. La première a gagné près de 15 francs, le Turc s’est élevé de 12,45 à 12.80, la Banque de 772 à 795 francs. Les achats sur l’obligation unifiée paraissent d’excellente qualité; on ne doute pas à Londres que le prochain coupon ne soit intégralement payé. Les acheteurs de Banque ottomane pensent que cet établissement ne tardera pas à procéder, avec le concours des principaux établissemens de crédit de Paris et de grandes maisons de Londres, de Vienne et de Berlin, à l’émission des titres représentatifs de l’annuité privilégiée, réservée sur les produits de l’administration des six contributions indirectes à Constantinople, et servant de garanties aux créances de la Banque ottomane sur le trésor turc. Il est en outre question d’une solution imminente de l’affaire de la régie des tabacs, et d’une très importante combinaison relative aux titres spéciaux connus sous le nom d’obligations des Chemins ottomans. Si ces projets voient le jour, et il faut pour cela que le marché financier soit bon en octobre, une hausse générale des valeurs turques en sera le prélude naturel.

Le marché des titres des institutions de crédit a été peu animé pendant les deux dernières semaines. La Banque de France ne dépasse pas 5,419 à 5,430 francs, parce qu’on ne sait plus quand le taux de l’escompte pourra être élevé. Le Crédit Foncier se tient immobile à 1,525; le conflit avec la Banque hypothécaire n’a pas avancé vers sa solution: celle-ci prétend que les actionnaires ne doivent verser que 85 francs par titre; celui-là persiste à réclamer 117 francs. On ne sait encore s’il y aura procès ou arbitrage. Le Crédit lyonnais se tient à 635 environ; la Société générale est ferme à 655, ainsi que la Banque d’escompte à 600 et la Banque franco-égyptienne à 680. La Banque des pays autrichiens a retrouvé la faveur du public grâce aux relations qu’elle a nouées avec le Comptoir d’escompte pour diverses opérations en Serbie; la Banque des pays hongrois s’est avancée dans le sillon tracé par la première. Le Crédit mobilier espagnol a baissé de près de 60 francs en quelques jours. Les beaux temps de cette valeur de jeu par excellence sont passés. Il s’est produit pendant la quinzaine une certaine réaction sur les titres des Chemins français, que la spéculation délaisse de plus en plus. La hausse a été arrêtée sur les Chemins autrichiens et sur les Lombards. Le Nord de l’Espagne a fléchi de 25 francs.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.