militaire. Les troupes elles-mêmes que protègent sur un champ de bataille leur tactique de dispersion et le relief du terrain combattent en se retranchant, et le général le plus incapable de précautions vaines, et par nature le moins disposé même aux précautions nécessaires, Skobelef, en qui la Russie pleure de grandes espérances, cherchant après Plewna la leçon contenue dans la « bataille des sept jours, » la formulait en ces termes : « Se couvrir contre les feux de l’adversaire comme l’infanterie l’a fait constamment : 1o dans la guerre de sécession ; 2o dans les quatre années meurtrières de la guerre carliste, et 3o dans la guerre actuelle, où c’est pour les Turcs un principe. » Les navires qui flottent sur la plane immensité des mers n’ont pas d’abri, et chaque coup les menace d’une triple blessure : qu’il brise leur artillerie, il les désarme ; qu’il ouvre leur coque, il les livre à la mer ; qu’il pénètre dans leurs machines ou à leurs poudres, il les paralyse ou les détruit. Si la protection est de droit commun dans la guerre, elle est de nécessité absolue dans la guerre maritime.
Ce qui est nécessaire se trouverait-il impossible ? L’insoluble problème ne serait-il pas en partie résolu ? Il semble qu’il y ait encore à choisir entre une marine protégée et une marine sans protection. Les mots ici n’expriment pas les choses, ils servent à les cacher. Sans doute, tous les navires ne portent pas de plaques métalliques, mais ce n’est pas qu’on ait désespéré de les défendre, c’est qu’on avait trouvé pour eux d’autres sauvegardes aussi efficaces, et l’inexactitude est double quand on nomme non protégés des navires dont presque toutes les parties sont abritées, et cuirassés, des navires dont l’armure couvre une minime partie. Les premiers blindages, appliqués sur toute la muraille du cuirassé, enveloppant à la fois son artillerie, sa machine et sa coque, protégeaient par une seule défense ses armes, ses mouvemens, sa vie. Mais l’épaisseur devint bientôt telle qu’il fallut renoncer à ceindre les navires de ce rempart trop lourd. On reconnut alors que rien n’obligeait à protéger par le même moyen les coques, les organes intérieurs, les pièces. Dès qu’on divisa la défense, celle des coques fut trouvée. Les navires sont séparés par leurs ponts en étages, et chaque étage est partagé par des cloisons verticales en divers compartimens. Cette disposition, créée pour le service du navire, fut utilisée pour sa sûreté. On isola les compartimens par des fermetures hermétiques. Dès lors, qu’une voie d’eau s’ouvrît dans la coque, la mer, au lieu de se répandre dans tout le navire, s’arrêtait contre les clôtures du « compartiment étanche » où elle avait pénétré. Cependant, comme sous peine de paralyser la vie à bord, on ne pouvait multiplier les compartimens, chacun d’eux était considérable ; si plusieurs venaient à se remplir, le navire était menacé de couler à pic ; si le bâtiment roulait, l’eau, portée du côté