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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 octobre.

Que de discours et de paroles pour ne rien dire ou pour ne jeter que des amplifications inutiles à tous les vents d’automne ! Que de polémiques aussi vaines que bruyantes dans ce vide des vacances ! Depuis quelques jours, comme si le repos et le silence pesaient aux partis, comme si l’on avait hâte de se préparer aux luttes d’une session nouvelle, on parle et on pérore.

Tout est prétexte ou occasion, et l’inauguration d’un lycée qui n’est pas encore construit, qu’on inaugure tout de même comme on a fait pourlHôtel-de-Ville, et l’érection d’une statue en l’honneur de quelque vieux conventionnel à demi oublié, et les fêtes du Nord et du Midi où M. le président du conseil municipal de Paris va essayer de convertir les populations à la mairie centrale. On parle dans les comices agricoles et dans les banquets, dans les réunions privées et en plein air ; il y a aussi les conversations et les lettres. Chacun a sa manière de comprendre les affaires du jour ; chacun a son programme et ses idées, depuis M. Louis Blanc, qui fait trêve à la maladie pour remettre à neuf un socialisme usé, jusqu’à M. le président du conseil, qui demande aux républicains de la discipline sous peine de périr, depuis M. le ministre de l’instruction publique, qui prend à partie Mme  de Maintenon à propos de l’éducation des filles, jusqu’aux députés, qui vont rendre compte de leur mandat. Jamais il n’y eut un tel besoin d’explications. On ne s’entend pas toujours, il est vrai ; du moins il est convenu, — c’est le thème de tous les discours, de toutes les amplifications, du moment, — qu’il faudrait s’entendre. Il faut de la conciliation pour retrouver une majorité, il faut un gouvernement pour vivre : voilà qui est au mieux ! Malheureusement ce n’est là qu’une banalité répétée un peu partout, et après avoir tant parlé de la conciliation, de la nécessité d’avoir un gouvernement, on n’est pas beaucoup plus avancé : on ne reste pas moins dans la confusion sans savoir comment on en sortira,