Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement au-dessus du niveau du Rhin, est arrosée dans presque toute sa longueur par la rivière de l’Ill, qui, prenant sa source dans le Jura, coule parallèlement au fleuve, dans lequel elle se jette près de Strasbourg, après avoir reçu dans sa course les eaux des rivières qui débouchent des vallées latérales. Le sol de la plaine est formé de limon, de sable ou de graviers déposés, soit par le Rhin lorsqu’il coulait à pleins bords entre les deux chaînes des Vosges et de la Forêt-Noire, soit par ses affluens, alors qu’alimentés par les glaciers ils roulaient dans leurs eaux les matières arrachées des montagnes. Lorsque le gravier domine, le sol est aride et couvert de bois, mais partout où il est composé de limon ou lehm rhénan, il est très ferrite et produit des céréales, du maïs, des choux, du tabac, toutes pentes qui dénotent une végétation vigoureuse et une culture perfectionnée.

Entre la plaine et la montagne s’étend une zone de collines d’une largeur variable qui les relie l’une à l’autre. Ces collines, dont la hauteur varie de 300 à 400 mètres, sont formées de dépôts tertiaires alternant parfois avec les couches de grès, de calcaire jurassique ou de trias. Elles sont le plus souvent couvertes de vignobles cultivés avec soin et dont les produits peuvent rivaliser avec ceux de la rive droite au Rhin.

La zone montagneuse comprend la partie orientale de la chaîne des Vosges et de ses ramifications ; elle est de formation granitique dans la partie centrale, où se trouve le point culminant, le Ballon de Guebwiller, qui atteint l’altitude de 1,400 mètres, et passe au grès vers le Nord, où les montagnes s’abaissent avant de se relier à celles du Hundsruck et du Palatinat. Les vallées, évasées vers la plaine, se rétrécissent à mesure qu’on les remonte ; les pentes deviennent plus abruptes, les champs cultivés font place d’abord aux prairies, puis aux forêts de hêtres et de sapins qui tapissent les flancs des montagnes, dont les sommets arrondis, souvent dénudés, sont parfois couronnés par les ruines de quelque vieux château féodal.

Plaine, coteaux et montagnes, voilà l’Alsace, dont la population varie avec chacune de ces zones. Dense et accumulée en nombreux centres dans la plaine et à l’orifice des vallées, elle se groupe en villages épars au milieu des vignobles et s’égrène en fermes isolées dans les montagnes. Sans vouloir remonter aux origines, nous nous bornerons à dire, que l’Alsace, habitée alors par des tribus celtiques ou germaines, fut conquise par les Romains et incorporée aux provinces gauloises soumises à leur domination ; qu’envahie par les Francs, puis par les Huns, elle fit partie de l’empire de Charlemagne ; qu’après la mort de celui-ci, placée sur les confins des deux royaumes, elle a été le théâtre des luttes de ses successeurs et subit des