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centres d’aspiration. Mais il ne serait probablement pas très difficile de la compléter de manière à y faire rentrer tous les faits provisoirement laissés en dehors de son canevas. Il importerait notamment, — et je m’étonne que M. de Tastes ne l’ait point essayé, — de la concilier avec l’existence indubitable des courans supérieurs, qui ont, en général, plus de vitesse et de violence que les vents de surface, comme le prouvent les observations faites, au sommet du pic de Teyde, dans l’île de Ténériffe, et celles qui se font journellement au sommet du Pike’s Peak, à une altitude de 4,300 mètres. Il y a là évidemment une lacune à combler. Rien n’empêche, au demeurant, d’admettre, avec la plupart des météorologistes, que les vents supérieurs se rapprochent souvent du sol : ils peuvent ainsi constituer régulièrement l’une des branches d’un courant circulaire de surface, et de plus, lorsqu’ils s’abattent sur le domaine d’un courant polaire de direction opposée, faire naître ces troubles que nous appelons tornades, cyclones ou bourrasques. C’est évidemment ce qui arrive souvent dans la vallée du Mississipi.

En attendant que les courans des hautes régions nous soient mieux connus, — et l’étude attentive du mouvement des nuages finira par nous les faire connaître, — il est temps de coordonner les riches matériaux qui ont été recueillis depuis vingt ans, pour établir, par une discussion méthodique, le régime des courans inférieurs. Ce sera un travail long et pénible ; mais, tant qu’il n’aura pas été fait, la théorie des grands mouvemens de l’atmosphère ne pourra s’appuyer que sur des bases plus ou moins hypothétiques. Parmi ceux qui ont entrepris cette discussion préliminaire et indispensable des matériaux d’observation accumulés, il faut citer M. Elias Loomis, en Amérique, qui a publié un grand nombre de mémoires où les faits recueillis parlé corps des signaux depuis 1872 sont examinés, confrontés, pesés et classés avec une sagacité qui laisse rarement prise à la critique[1]. Il serait à souhaiter que la même méthode fût appliquée aux observations fournies par les stations de l’ancien comment, car on raisonne trop souvent sur des faits isolés, que l’on se hâte de généraliser en laissant dans l’ombre tout ce qui ne veut pas cadrer avec la thèse à soutenir.

M. Loomis s’est appliqué à mettre en lumière toutes les circonstances qui accompagnent la formation et la marche des centres de basse pression, autour desquels soufflent les tempêtes, — tornades ou cyclones, — et des aires de haute pression que l’on désigne par le mot d’anticyclones, parce que les isobares, tout en formant

  1. Mémoires de météorologie dynamique. Résultats de la discussion des cartes du temps des États-Unis, par M. E. Loomis, traduits par M. H. Brocard. Paris, 1880 ; Gauthier-Villars.