que les bases d’opération les meilleures sont les plus rapprochées du théâtre de la guerre.
Quel est le théâtre de la guerre maritime ? Toutes les mers pour les navires que les hostilités surprendront en cours de campagne ou qui se lanceront à la poursuite des bâtimens de commerce. Mais, au commencement d’une lutte, chacun des belligérans, avec la plus grande partie de ses forces, se disposera soit à défendre son littoral, soit à attaquer le littoral ennemi, et quand un peuple se proposerait pour but principal de détruire par une bataille navale la marine adverse, l’intérêt majeur est de ne pas se préparer à la lutte trop loin du point où on la veut soutenir. Le nombre d’arsenaux dans lesquels il convient de concentrer la flotte est donc déterminé pour chaque nation par sa situation géographique et la puissance de ses voisins. Pour des marines égales, il peut être fort différent. Deux nations auxquelles la distribution la plus différente de leurs forces est commandée par la nature sont l’Angleterre et la Russie. S’il est une puissance qui pourrait se contenter d’un seul arsenal, c’est l’Angleterre. Placée au nord de l’Europe, elle ne communique avec le monde que par sa frontière sud. C’est de là qu’elle doit s’élancer où qu’elle veuille porter la guerre. D’un point quelconque de cette frontière elle peut protéger tous les autres. Que l’ennemi sorte de New-York, de Cherbourg, de la Jade ou de Cronstadt, les forces anglaises mouillées à Portsmouth peuvent barrer la route de l’Angleterre, porter la lutte loin de ses côtes, faire face sur l’Océan, la Manche ou la mer du Nord, et, s’il leur plaît, disputer avec chances égales l’offensive à une escadre sortie de Cherbourg. Si un tel peuple a plusieurs établissemens, c’est que la grandeur de sa flotte serait à l’étroit dans un seul port, c’est que la concentration extrême de services si nombreux serait préjudiciable à l’ordre, et que leur direction dépasserait la mesure d’autorité convenable entre les mains d’un homme. En bordant par ses forteresses navales sa frontière sud, l’Angleterre a poussé jusqu’au luxe le déploiement de sa force ; elle n’a pas obéi à des nécessités stratégiques. Au contraire, plusieurs arsenaux sont indispensables à la Russie. Ce grand empire est vulnérable par mer au midi et au nord. S’il n’avait qu’un établissement naval et qu’il fût attaqué dans la Mer-Noire, ou un établissement au sud et qu’il fût menacé dans la Baltique, il faudrait à sa flotte, pour se porter au secours de son territoire, côtoyer toute l’Europe ; elle arriverait en vue de son littoral après toutes les nations auxquelles il aurait plu de l’attaquer. À l’Allemagne un port aurait suffi si le canal projeté entre la mer du Nord et la Baltique permettait à ses flottes de se porter sans délai dans les deux mers. Mais la longue pointe du Jutland qui isole les deux parties de son littoral et qu’on ne peut tourner en moins