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outrance sans s’inquiéter de l’avenir. On poursuit le rêve d’obtenir par l’électricité un moteur plus énergique que la vapeur et une lumière plus vive que celle du gaz, en dehors de toute dépense de combustible. Mais nous ignorons encore si les essais aboutiront jamais dans cette direction à des résultats pratiques et, comme des prodigues qui ne voient que le présent, nos générations insouciantes poursuivent leur route en usant des élémens qu’elles ont sous la main.


II.

Avec Buffon se terminent les tentatives d’explication sur la nature et l’origine du charbon de pierre par la méthode intuitive, comme si la science livrait jamais ses secrets à ceux qui s’obstinent à vouloir les deviner du premier coup. Il existe urne méthode plus sûre bien que plus longue, celle de l’observation, de l’analyse patiente qui divise les termes du problème pour les reprendre un à un et se borner à des résultats partiels avant d’atteindre à on ensemble définitif. Peu de temps après Buffon ou même, à côté de lui, des savans plus modestes et plus obscurs s’attachèrent à l’étude et à la description des empreintes et de tiges fossiles extraites des houillères. Blumeubach et Schlotheim, au commencement du siècle, continuèrent avec un succès relatif les mêmes recherches paléophytiques. Enfin, Sternberg en Allemagne et Adolphe Brongniart en France donnèrent simultanément, vers 1820, un essor subit à cette partie longtemps négligée de la botanique qui a pour objet la reconstitution des plantes du passé, soit entièrement éteintes, soit ayant avec les nôtres un degré d’analogie plus ou moins marqué. Brongniart surtout, ce génie fin, à la fois contenu et sagace, plein de mesure et de hardiesse, habile à atteindre le but en usant de tous les procédés d’investigation, Brongniart réussit à communiquer à l’étude des végétaux fossiles une impulsion qui ne s’est plus arrêtée et qui honore la science française, dont ce savant résumait les meilleures traditions.

Maintenant, nous savons que la période carbonifère représente le plus merveilleux épisode de cette chronique du globe qui se perd dans un lointain si reculé. Dans son étrangeté, elle est comparable à ces antiques civilisations qui étonnent par la puissance de leurs monumens et que l’humanité, encore jeune, vit s’épanouir au soleil avec l’éclat d’une fleur à demi sauvage. Figurons-nous la Memphis des. Pyramides ou Thèbes des anciens âges ; en apercevant ces villes, aurions nous devant les yeux rien qui rappelât nos boulevards, nos larges maisons, l’éclairage et le pavé de nos rues, cette précision dans les mouvemens régulateurs de l’organisme qui caractérise