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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 54.djvu/687

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dite, en passant par tous les intermédiaires. En un mot, on a sous les yeux les débuts d’un phénomène en train de se manifester et sans cesse arrêté.

Ce qui précède fait bien voir qu’un lit de houille, quelle qu’ait été la durée nécessaire à sa formation, durée proportionnelle d’ailleurs, non-seulement à l’épaisseur de l’assise, mais encore à la masse des résidus accumulés dans un moindre espace de temps, a toujours exigé comme premier facteur l’absence de tout autre apport que celui des débris végétaux dont il est une résultante. Une pente naturelle nous ramène ainsi vers les conditions normales, productrices de la houille, et nous n’avons plus qu’à préciser le mode de fonctionnement des bassins carbonifères, alors que n’étant visités par aucune rivière, aux eaux chargées de limon, ils donnèrent naissance à des dépôts exclusivement charbonneux.

M. Grand’Eury, — et c’est en cela que consiste l’originalité de son système, — établit la coïncidence et la combinaison nécessaires de deux circonstances principales qui, selon lui, auraient également concouru à la formation de la houille. — L’une est le transport à petite distance de tous les débris végétaux de la région, entraînés par les eaux, puis étalés à plat et stratifiés au fond d’une lagune destinée à les recevoir.

L’autre particularité consiste dans le séjour antérieur sur le sol et l’exposition à l’air libre des débris ensuite entraînés, qui auraient subi pour la plupart une décomposition préalable dont la nature et les effets ont été l’objet d’une patiente analyse de la part de l’homme dont nous apprécions les travaux.

Ce savant insiste tour à tour sur ces deux points aussi indispensables à saisir l’un que l’autre pour celui qui tient à se faire une idée complète du phénomène. Il a eu soin, dans son mémoire, de les mettre en pleine lumière, et nous ne saurions faire autrement que de nous y arrêter après lui. — Il en ressort avant tout un enseignement précieux, d’un caractère général et que l’on peut résumer ainsi qu’il suit : Les eaux servant de véhicule aux débris végétaux, parfaitement claires puisqu’elles étaient pures de tout limon, assez puissantes pour les entraîner, assez universelles pour balayer tous les points d’une région boisée, ne pouvaient être que des eaux de pluie directement déversées sur des pentes assez prononcées pour faciliter leur écoulement et le transport des résidus, assez égales pour ne pas donner lieu à des ravinemens. La contrée elle-même où ruisselaient ces eaux devait disparaître sous un lacis de plantes et de débris accumulés, assez épais pour livrer à leur action de nombreux matériaux de transport, sans aller jamais jusqu’à l’érosion du sol sous-jacent.