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mais l’organisation encore intacte de beaucoup de fragmens, leur empâtement dans une bouillie amorphe qui résulte de la macération préalable d’une foule de résidus, enfin la compression qui s’est exercée sur toute la masse réduite à la moitié de l’épaisseur primitive, tous ces effets réunis, qui relèvent, en réalité, d’un seul et même phénomène, dénotent l’action et la pesée de la couche d’eau au fond de laquelle la stratification s’est opérée.

Comme il s’agissait de débris enlevés au sol dans des états variés de fraîcheur ou de vétusté, les uns tombés de la veille, les autres désagrégés ou même totalement dissous, un des résultats forcés de ce genre de dépôt a été la diversité de composition de la houille. La plus grande uniformité a présidé, au contraire, au mécanisme de sa formation, puisque tous les élémens, les écorces déroulées et aplaties, les moelles détrempées, les larges feuilles aussi bien que les moindres résidus, ont été d’abord tenus en suspension dans l’eau de la lagune avant de venir s’étaler au fond.

C’est ainsi que la houille a généralement acquis, en se constituant, une structure schistoïde, c’est-à-dire formée de minces lits parallèlement disposés, et fissiles dans le sens qui répond au plan du dépôt. Mais, de plus, elle diffère selon que l’on examine attentivement les élémens qu’elle renferme et qui se trouvent étroitement associés sans être précisément confondus. Il y a d’abord ce que M. Grand’Eury a nommé le « fusain, » par allusion au léger charbon de bois ainsi désigné. Toutes les fois que la structure anatomique d’une tige ou d’une portion de tige carbonisée a disparu, tout en conservant reconnaissable l’ordonnance relative des diverses régions caulinaires, on dit qu’elle est à l’état de fusain. — Les feuilles, les épidermes, les écorces, les parties vertes, en un mot, qui sont parvenues, non encore désagrégées, au fond de l’eau, se montrent dans la houille ordinaire sous l’apparence de lames et lamelles cristallines, liées ou empâtées par une matière charbonneuse amorphe, plus ou moins terne, qui sert à les rejoindre et à les cimenter. D’autres fois, au lieu de lamelles, ce sent des parcelles noyées dans une masse charbonneuse provenant de la décomposition de tous les menus débris de végétaux délayés, réduits à l’état de bouillie et emportés par les eaux avec les autres fragmens ; c’est là une sorte de boue végétale qui devait combler toutes les flaques et les mares dormantes situées à l’ombre des forêts humides, aux endroits perdus dans l’épaisseur des bois.

Cette pâte résultant de la macération des parcelles entièrement décomposées constitue à elle seule les houilles amorphes dans lesquelles, en dehors du fusain, on finit cependant toujours par découvrir quelques restes de structure végétale attestant la commune