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Les Houbbous ne sont pas nombreux. Abal, qui n’a que quarante-trois ans, sera remplacé par son frère Sory. Bien qu’ils habitent un pays d’une défense facile, je les crois appelés à disparaître ou, mieux, à se mêler de nouveau à leurs frères du Fouta-Djalon, si Fodé Darami, poursuivant ses succès du côté du Kouranko et de Falaba, leur fermait la route de Mellacorée et de Sierra-Leone, où ils vont acheter les fusils et la poudre.


IV.

La constitution du Fouta-Djalon est une république aristocratique. Le pouvoir est partagé entre deux chefs élus qui prennent le titre d’almamy, prince des croyans. Nous avons vu qu’ils étaient toujours choisis dans les familles d’Alfa et de Sory, Un conseil des anciens, dont font partie de droit tous les notables de Timbo, est chargé de discuter les affaires publiques. Il donne son avis sur les nominations des chefs des provinces et sur les questions de politique intérieure ; il discute les rapports avec les états voisins, approuve les traités passés au nom de l’almamy, qui n’est que le premier représentant de la nation poul. Une mesure ne peut être adoptée que si elle obtient l’assentiment de la majorité des anciens. C’est parmi eux que l’almamy choisit souvent ses ambassadeurs.

Le pays est divisé en treize provinces ou diwals ; ce sont ceux de Timbo, Bouda, Fougoumba, Kébali, Colladé, Colen, Koïn, Timbi Tounni, Timbi Médina, Labé, Bailo, Fodé-Hadji, Massi.

Chaque province a son chef, ou mieux, ses deux chefs, l’un souda, l’autre alfaia. Ce sont eux qui nomment ensuite les chefs des villages qu’ils commandent. Ceux du Labé et de Timbi, Alfa Aguibou . et Tierno Maadjiou, sont les plus influens. Dans chaque capitale de diwal, il y a un conseil de notables.

Chaque chef de village a le droit de rendre la justice, aidé de son marabout. C’est le Koran qui sert de code ; mais seuls les chefs de provinces peuvent prononcer une condamnation capitale, et même, souvent, le condamné est envoyé à Timbo afin que l’almamy et son conseil puissent prononcer en dernier ressort.

Le chef possède le pouvoir civil et militaire. Tous les Pouls sont soldats. En cas de guerre, chaque village désigne son nombre d’hommes suivant son importance, qui sont dirigés sur le chef-lieu où se forme le corps d’armée de la province, avant de se rendre sur le théâtre des événemens. Les chefs amènent en outre leurs esclaves. J’estime que le Fouta-Djalon, qui a une population libre d’environ cinq cent mille habitans et peut-être cent mille esclaves, peut avoir facilement une armée de vingt-cinq n)ille hommes, tous armés de fusils à pierre.