avait à chercher comment une petite quantité de dissolvant pouvait effectuer des modifications moléculaires considérables sur une matière soumise à son influence. Des minéralisateurs exerçant leur action par voie humide pouvaient seuls rendre compte de tels phénomènes. Développant cette idée, il montra que l’acide carbonique est le minéralisateur des carbonates insolubles, que l’hydrogène sulfuré et les sulfures alcalins remplissent la même fonction auprès des sulfures métalliques. Il avait donc trouvé l’interprétation rationnelle des résultats synthétiques dus à Sénarmont. Mais ces faits devaient le conduire lui-même à de nouvelles découvertes. Considérant aussi l’eau pure comme un minéralisateur, il eut l’idée de la faire servir à la cristallisation de corps réputés insolubles. Les substances, telles que le sulfate de baryte et le chlorure d’argent, qui se trouvent dans ce cas, sont, en réalité, généralement douées d’une solubilité très faible et plus solubles à chaud que froid. Quand on les chauffe en présence d’une petite quantité d’eau, elles se dissolvent entrés minimes proportions, et l’eau abandonne ensuite par refroidissement, sous forme de cristaux microscopiques, la majeure partie de ce qu’elle leur a enlevé. Si l’on recommence à chauffer le mélange, de nouveaux cristaux viennent encore après refroidissement, par un mécanisme semblable, s’ajouter à ceux qui proviennent du premier traitement et en augmenter le nombre et le volume. Enfin, quand l’opération est répétée un grand nombre de fois, les cristaux primitifs grossissent peu à peu ; bientôt ils deviennent perceptibles à la loupe, puis visibles à l’œil nu, et souvent ils finissent par acquérir des dimensions notables. Les alternatives de réchauffement et de refroidissement sont, dans la pratique, aisément réalisées. Dans le laboratoire de l’École normale, les matières soumises à l’expérience étaient renfermées dans des tubes hermétiquement clos, afin d’éviter toute évaporation, échauffées pendant le jour et laissées chaque nuit à la température ordinaire. Plusieurs mois et, dans certains cas, plusieurs années ont été fréquemment nécessaires au succès cherché. Aujourd’hui, cette méthode ingénieuse, généralisée dans son application, est régulièrement employée dans les laboratoires de chimie, quand on veut faire cristalliser les précipités nombreux fournis par les diverses réactions qui s’effectuent en présence de l’eau.
La lenteur des moyens que la nature met en jeu pour produire les minéraux a depuis longtemps frappé l’attention des géologues, et, par suite, a fait imaginer plusieurs procédés de reproduction artificielle fondés sur l’emploi d’actions chimiques faibles, mais prolongées, se développant à la température ordinaire, sans intervention de la pression, ni d’aucun autre agent à effets violens. Les