des données de l’expérience avec celles de l’observation établit véritablement le lien qui les unit; elle est donc le couronnement de cette double série d’études.
Après avoir passé en revue les principaux travaux relatifs à la synthèse des minéraux, nous jetterons un coup d’œil sur ceux qui ont eu pour objet la reproduction artificielle des roches. Les calcaires nous occuperont tout d’abord. Le carbonate de chaux qui les compose est l’une des matières les plus répandues dans l’épaisseur de l’écorce terrestre. Il s’y présente sous les aspects les plus divers, tantôt en masses grenues ou compactes, tantôt en agrégats nettement cristallins. Sous cette forme, il constitue le marbre. A la fin du siècle dernier, au moment où la question de la genèse des roches suscitait de vives controverses entre les géologues, l’origine du marbre était l’un des points les plus fortement discutés. Werner, chef de l’école neptunienne, soutenait qu’il s’était formé dans l’eau par voie de sédimentation, comme tous les autres produits calcaires. Hutton, chef des plutonistes, prétendait au contraire que c’était du calcaire transformé sous l’influence combinée d’une température élevée et d’une forte pression. Entre les deux adversaires s’échangeaient des argumens exclusivement empruntés à l’observation géologique, et la lutte restait sans issue. Un adepte enthousiaste des idées plutonistes, James Hall, persuadé que l’hypothèse de Hutton était la vraie, lui proposa, en 1790, d’inaugurer des expériences à l’appui de son opinion; mais, contre son attente, il éprouva un refus. Hutton craignait qu’un insuccès accidentel dans des essais de ce genre ne nuisît à l’adoption d’idées qu’il considérait comme l’expression rigoureuse des faits. C’est seulement après sa mort, en 1798, que les essais furent commencés. La difficulté d’obtenir des appareils à fermeture hermétique en empêcha d’abord le succès. Pour la première fois, le 31 mars 1801, James Hall, ayant chauffé un morceau de craie dans un canon de fusil exactement clos, parvint à le transformer en un produit grenu et compact, d’un blanc laiteux. Quelques jours après, dans les mêmes conditions, il obtint une masse complètement cristalline, à cassures miroitantes. Enfin, un perfectionnement nouveau apporté au dispositif employé lui fournit un marbre parfait, translucide, rempli de facettes, dont on distinguait à la loupe les formes anguleuses faisant saillie dans les cavités du culot. Plusieurs fois. Hall introduisit de l’eau avec la matière calcaire employée et obtint encore du marbre.
Cette expérience célèbre fut plus tard répétée par divers savans. Quelques-uns, après avoir d’abord échoué, réussirent même avec des appareils à fermeture incomplète et firent voir que la production du marbre artificiel peut s’opérer encore lorsque l’acide carbonique