qu’une minorité dans les chambres, ils ne peuvent rien. Ils ne sont pas même admis, pour représenter la minorité, dans la commission du budget, pas plus que dans les autres grandes commissions. Ils n’ont en réalité aucune participation directe aux affaires. Ce sont les républicains seuls qui ont eu le pouvoir sans partage en 1882, même avant l’année 1882, et c’est bien par leur politique, par leurs idées que s’est accompli ce travail de décomposition qui est maintenant visible, qui n’est certes pas fait pour rendre la vie facile à la république. C’est par eux et par leurs représentans, c’est sous leur influence exclusive, qu’a été créée cette situation indéfinissable où l’on a eu le spectacle de ministères arrivant au pouvoir avec de grandes ambitions et périssant bientôt d’impuissance après avoir tout compromis. Les difficultés qui existent aujourd’hui ou qui se reproduiront demain ne sont que la suite de cette série d’expériences dont le dernier né des ministères républicains a reçu l’embarrassant héritage.
Au moment où s’ouvrait cette année 1882, maintenant rejetée dans le passé, c’était M. Gambetta qui venait d’entrer aux affaires, et certes, il arrivait au gouvernement dans les conditions les plus favorables. Il avait pour lui les circonstances, un certain mouvement instinctif de l’opinion, un ascendant conquis par des années d’habile tactique autant que par la puissance de la parole. Il était l’homme du jour, le président du conseil nécessaire, à peu près inévitable. Il n’avait pas à s’inquiéter de ses adversaires, — il avait tout au plus à craindre ses amis ou ses alliés. Évidemment, si M. Gambetta l’avait voulu, il aurait pu, avec l’autorité de sa position et de son talent, créer un ministère sérieux et peut-être durable. Encore aurait-il fallu cependant associer à ce gouvernement nouveau des hommes faits pour le fortifier, et adopter une politique assez large, assez intelligente, assez ferme pour imprimer à la république le caractère d’un régime de libéralisme et d’équité supérieure. Le président du conseil du 14 novembre 1881 semblait ne pas même soupçonner les conditions du problème qu’il se donnait à résoudre. Chose singulière ! la seule idée sérieuse que M. Gambetta ait eue pendant son ministère, il avait tout fait d’avance pour la compromettre. C’était assurément une pensée généreuse et patriotique de ne pas laisser dépérir l’influence de notre pays, de vouloir saisir une occasion favorable en associant la France à l’Angleterre dans les affaires d’Egypte. M. Gambetta agissait en ministre des affaires étrangères jaloux de nos intérêts dans le monde. Malheureusement il travaillait à la réalisation de cette pensée avec un tel décousu, avec de telles impétuosités qu’il devait un peu inquiéter, il faut l’avouer, un gouvernement aussi sensé que celui de la reine Victoria, — et, de plus, il ne s’apercevait pas que la faiblesse de sa politique extérieure était tout entière dans sa politique intérieure, dans la