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conséquence de ce succès, la principauté de Monaco se vit également délivrée des soldats de Castille. Une garnison venue d’Antibes, forte de cinq cents soldats français, s’y installa, sinon en maîtresse, du moins en protectrice de Honoré II, le prince régnant d’alors. Ce fut le dernier coup porté à la domination espagnole dans ces parages.

Voici donc Monaco avec une garnison française et, — détail à noter, — à la solde de la France. Les traitemens du chapelain, du barbier, du médecin et du fourrier ne firent pas exception. Le huitième article de l’ordonnance de Saint-Germain où nous trouvons ce détail (datée du 14 septembre 1641, registrée en parlement au mois de janvier 1643) dit ceci : « Le roi Louis XIII recevra en sa royale protection et sauvegarde perpétuelle, et des rois ses successeurs, lesquels Sa Majesté obligera par le présent traité, le dit prince de Monaco, le marquis son fils, toute sa maison et tous ses sujets et ses places de Monaco, Menton et Roquebrune, avec leurs territoires, juridictions et dépendances; ensemble tous les héritiers et successeurs du dit prince et les gardera et détendra contre qui que ce soit, qui les voudrait indûment offenser, maintiendra le dit prince en la même liberté et souveraineté qu’il le trouvera, et en tous ses privilèges et droits de mer et de terre, et en toute autre juridiction et appartenances de quelque sorte que ce soit, et le fera de plus comprendre en tous ses traités de paix, et en outre le dit prince pourra faire arborer en toutes places et ses terres, l’étendard de France dans les occasions de quelques troubles ennemis. » Non content d’assurer en ces termes la protection de la France à la principauté, Louis XIII déclara en outre qu’il « donnerait au prince Honoré II 25,000 écus ou ducatons de rente annuelle de terres et fiefs érigeant une partie d’icelles en titre de duché et pairie de France pour le dit prince, l’autre en titre de marquisat pour son fils et une en titre de comté, lui faisant délivrer toutes lettres et expédition sur ce nécessaires[1] ; et bonne partie desdits fiefs serait en Provence, et le reste où il plairait à Sa Majesté, pourvu que ce fût en France, et, en attendant qu’on ait trouvé des terres propres au dit prince, les dits soixante et quinze mille livres lui seront payées effectivement par chaque an, dont le premier versement commencera du jour où la garnison du roi entrera dans Monaco. »

Comme le fait remarquer avec à-propos M. Prompt[2], les Grimaldi,

  1. Les lettres patentes de ces dignités furent délivrées à Perpignan en 1642. Le duché en question fut celui de Valentinois.
  2. Le Jeu public et la Principauté de Monaco, Paris, 1882 ; Dentu.