Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/465

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

primitive, rapports entre l’église et l’état avant Constantin, naissance de l’art chrétien et phases diverses de ses commencemens comparées à celles de l’art classique? N’est-ce pas, peu s’en faut, une science sui generis, désormais armée de toutes pièces, celle qui dispose de monumens si particuliers et si nombreux, celle qui exige, sinon des procédés nouveaux de critique, au moins une pénétration et une rigueur toutes spéciales?

M. le professeur Henzen a pris en second lieu la parole. Parmi ceux qui, conservant le culte des fortes études, n’ignorent pas le progrès scientifique, il n’y en a pas un seul qui ne connaisse le nom et les œuvres du premier secrétaire de l’Institut allemand de correspondance archéologique de Rome; il n’en est pas un qui n’ait admiré sa ferme et sobre érudition dans le commentaire des inscriptions des arvales, dans un si grand nombre de mémoires spéciaux, dans l’œuvre gigantesque du Corpus inscriptionum latinarum, dont il a été, avec M. Mommsen et M. de Rossi, un principal initiateur. Mais ceux-là seuls qui l’ont approché peuvent apprécier à sa réelle valeur ce modèle du vrai savant, cette modestie consciente de sa dignité et jalouse de la dignité des autres, cette bonté délicate dans les relations complexes et diverses, ce quelque chose d’antique et de chrétien que Pline le Jeune semble avoir désigné : Nihil est illo gravius, sanctias, doctius… quantum rerum, quantum exemplorum, quantum antiquitatis tenet ! Est-ce à M. Henzen seulement que conviennent ces traits, ou bien aussi à ses deux collaborateurs? Tous trois unis par une longue amitié, par un même dévoûment à ces graves études d’antiquité si merveilleusement renouvelées de nos jours, ils offrent aux jeunes esprits qui ont la fortune de les approcher un rare idéal d’éducation intellectuelle et morale.

M. Henzen a ému l’auditoire lorsque, fort ému lui-même, il a rappelé les quarante années de collaboration affectueuse qui l’unissent à M. de Rossi. S’attachant à louer spécialement dans son ami l’habile épigraphiste, il a signalé les principales étapes de cette belle carrière, la remarquable étude sur cette difficile inscription de Nicomaque en 1849, les précieux indices donnés sur le collège des arvales, qui ont amené les fouilles de l’Institut allemand dans la vigna Ceccarelli et tant de belles découvertes, enfin le sixième volume du Corpus, où, de concert, ils ont réuni et classé les inscriptions de la ville de Rome.


Il restait beaucoup à dire, après qu’on avait loué l’archéologue chrétien et l’épigraphiste, si le directeur de l’École française de Rome, chargé de parler à son tour, voulait indiquer les autres mérites du savant que l’on célébrait.

Il y avait à montrer d’abord que la France, dans la pensée commune de cet hommage, avait, en effet, sa place marquée à côté de l’Italie