Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/766

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA FRANCE
ET LE
PROTECTORAT CATHOLIQUE

Nous assistons depuis quelques mois à un remarquable mouvement d’opinion en faveur de la reprise d’une politique coloniale active. A peine avions-nous abdiqué en Égypte, par crainte de l’armée d’Araby, qui devait défendre son pays contre l’invasion étrangère juste l’espace de vingt minutes, que nous nous sentions saisis d’une ardeur singulière pour des entreprises beaucoup plus lointaines, beaucoup plus dangereuses, beaucoup plus incertaines que celle devant laquelle nous avions reculé. Tantôt il s’agissait de conquérir le Congo, tantôt d’étendre notre influence sur le Tonkin, tantôt de suivre la France de Colbert dans l’île de Madagascar, dans cette France orientale que nous avons baptisée souvent, mais colonisée jamais. A Dieu ne plaise que je blâme ce beau feu ! Si réellement notre pays se réveille de sa coupable torpeur, s’il comprend enfin que, mutilé sur le continent, il doit chercher sur toutes les plages du mondes ce supplément de force et de richesse qu’il a perdu en Europe, il faut applaudir à cette résolution tardive, mais qui cependant n’arrive pas trop tard. J’ai toujours pensé que la France tomberait assez rapidement au rang des puissances secondaires, si elle restait indifférente à la grande lutte pour la possession, non plus de l’Europe, mais du globe, qui se poursuit autour d’elle. Le