ces écoles d’application, ces missions permanentes ne s’ouvriraient-elles pas aux indigènes et n’offriraient-elles pas aux jeunes Levantins les moyens de s’initier à nos méthodes et aux résultats de nos sciences ? On n’apprend bien qu’en enseignant, tout le monde le sait ; on n’est bien sûr de ses connaissances que lorsqu’on les a inculquées à d’autres avec clarté, avec précision. C’est ce qu’avaient très bien compris les fondateurs de l’école d’Athènes ; aux termes du règlement primitif, les élèves devaient faire des cours dans les grandes villes du Levant, afin que leur passage en Orient servît, non-seulement à leur instruction personnelle, mais à la diffusion de notre influence morale. On a renoncé, peut-être à tort, à cette action pédagogique. Mais il serait assurément très utile de reprendre, pour des institutions scientifiques et industrielles, l’idée qui avait présidé à la création de l’école d’Athènes. C’est par Smyrne qu’on devrait commencer, car c’est là que viennent aboutir toutes les richesses de l’Asie-Mineure. De plus, dans cette ville toute commerçante, où l’élément grec domine, où les missions catholiques n’ont pas de grands établissemens, le terrain est libre pour tenter en dehors mais non pas à l’encontre de l’enseignement religieux, une forme d’enseignement laïque dont le succès serait sans doute considérable.
Des missions scientifiques et industrielles à Smyrne, plus tard même à Beyrouth, pourraient se concilier très bien avec la propagande scolaire catholique. J’ai jugé celle-ci en toute franchise ; Je dois dire cependant, pour être juste, qu’elle a fait dans ces dernières années des efforts très heureux afin de se mettre à la portée des nécessités modernes. A Jérusalem, des ateliers sont joints aux écoles du père Ratisbonne, qui rendent de si incontestables ; services dans toute la Palestine. A Beyrouth, les jésuites ont annexé, ou sont sur le point d’annexer une faculté de médecine à leur belle université. Si la paix religieuse se rétablissait en France, si le gouvernement exerçait sur les institutions catholiques une tutelle qui serait acceptée à la condition d’être à la fois bienveillante et efficace, il serait facile d’amener les missions à modifier peu à peu leurs méthodes d’enseignement, de manière à répandre partout des réformes ; qui amèneraient la régénération des peuples sur lesquels doit s’exercer notre influence. C’est ce que Francis Garnier expliquait encore dans le livre que j’ai si souvent cité. A son avis, la Chine ne saurait être sauvée qu’à la condition d’adopter, à la place de ses hiéroglyphes, notre alphabet latin. « Nos missions catholiques, dit-il, qui possèdent des écoles dans l’intérieur contribueraient puissamment à répandre la notation nouvelle. Disséminées dans les provinces les plus reculées, elles formeraient autant de centres autour desquels rayonnerait par ce moyen une instruction