ou d’inanition un chat ou un singe. De là la légitimité de la physiologie expérimentale. Quand nous faisons quelque expérience sur un animal, nous savons fort bien que les résultats en seront applicables à nos semblables. Si l’on a bien déterminé les conditions de l’asphyxie ou de l’inanition chez un chien ou un lapin, on peut en toute rigueur appliquer à l’homme, sans faire d’expérience sur l’homme, ce qui a été démontré vrai pour le chien ou pour le lapin.
Nous portons en nous, marqués en caractères saisissans, les signes de notre animalité. Les traits en sont si nets qu’il n’y a pas d’erreur possible quant à la signification des organes homologues. Ni les enfans, ni les animaux ne s’y trompent. Un enfant de deux ans sait déjà, sur une image, reconnaître l’œil d’un chien, l’oreille d’un lapin, la bouche d’un cheval ; car, dans sa petite intelligence, il a déjà établi l’homologie de l’œil, de l’oreille et de la bouche des animaux avec ce qu’on lui a appris être son œil, son oreille et sa bouche.
Ce n’est pas seulement dans la vie que l’homme est animal, c’est aussi dans la naissance et dans la mort. Le roi de la création, au moment où il apparaît à la lumière du jour, est un pauvre être infirme, vagissant, difforme, qui ne diffère pas d’un animal nouveau-né. Il est un peu plus débile, et voilà tout. C’est par les mêmes phénomènes que le petit homme, le petit chien et le petit lézard sont conçus et se développent. Dans les premières phases de leur état embryonnaire, ils se ressemblent à ce point que nul anatomiste ne pourrait faire la différence. Un embryon de lézard et un embryon d’homme ont absolument les mêmes formes. Et dans la mort même, quelle analogie ! Il n’est pas deux manières de mourir, l’une pour le demi-dieu homme, l’autre pour l’humble animal. Le demi-dieu et l’humble animal périssent de la même façon. Le cœur s’arrête, la respiration cesse, le système nerveux perd ses propriétés ; puis les atomes chimiques qui constituent le corps se dissocient et retournent à d’autres combinaisons. Le carbone et l’oxygène du corps de l’homme ne sont pas d’une autre essence que le carbone et l’oxygène du corps des autres animaux.
Parfois cependant on a essayé d’indiquer, dans l’organisation humaine, des caractères différentiels fondamentaux permettant d’établir une ligne de démarcation profonde entre l’homme et l’animal.
On a dit d’abord que le cerveau de l’homme était à ce point développé que nul être, pour les dimensions et le poids de l’encéphale, ne peut être comparé à nous, même de loin. Cela est vrai assurément ; mais cette différence n’est pas telle qu’elle suffise pour constituer un nouveau règne. Le cerveau d’un singe, ou d’un chien, ou d’un chat, représente, dans son ensemble, à peu près la disposition générale du cerveau humain. L’anatomie comparée a parfaitement démontré l’homologie de toutes les parties. Dans tous les cerveaux