Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 55.djvu/949

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qu’il se relâche d’un certain style trop contourné pour la scène ; il faut souhaiter que son génie se défie moins de sa facilité : il fera taire de mesquines rancunes et forcera de l’applaudir pendant toute une soirée, comme ils ont fait l’autre soir pendant quelques minutes, ceux même que sa plume de critique a le moins épargnés.

Je ne lui souhaiterai pas d’ailleurs de plus parfaits interprètes que MM. Adolphe Dupuis et Porel (Blondel et l’abbé) ; pas plus que je ne lui conseillerai de reprendre, pour le jeune premier et l’amoureuse de son prochain drame, M. Chelles et Mlle Malvau, à moins que d’ici là le talent de l’un ne se soit éclairci, et le talent de l’autre attendri. M. Cosset, qui joue le duc, est terriblement raide ; M. Baillol représente assez bien le « rebouteux » Hormisdas, dont le personnage met dans la pièce, comme on dit à présent, une touche de couleur locale. Ainsi fait, dans la Glu, le matelot Gillioury, figuré excellemment par M. Petit. Hormisdas, comme Gillioury, parle volontiers d’une « bolée de cidre ; » mais son excuse est qu’il est Normand. C’est d’ailleurs la seule ressemblance des deux ouvrages, à moins que l’on ne compte comme une ressemblance qu’ils se tiennent chacun à un pôle du romantisme. S’il est permis toutefois d’en trouver une seconde, je préférerais celle-ci : c’est que l’un et l’autre a pour auteur un écrivain de talent, à qui nous demanderons de quitter son pôle pour se rapprocher de ces régions moyennes où l’on ne rencontre ni la brute ni l’esprit, mais tout simplement l’homme.


LOUIS GANDERAX.